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Six installations plutôt qu’un (des) agrandissement(s).

Safer et JA Normandie ont réuni, samedi dernier à Petit-Caux près de Dieppe (76), les acteurs d’une opération foncière inédite : 350 ha d’une même exploitation redistribués à 6 jeunes installés grâce aussi au concours de propriétaires bailleurs. « Une opération exemplaire qui modifie un ordre établi », assume Emmanuel Hyest (président de la Safer Normandie).

Emmanuel Hyest, président de la Safer Normandie, a également remercié les investisseurs sans qui rien n’aurait été possible.
© TG

« Je n’avais pas prévu de m’installer maintenant mais un train est passé, il fallait tenter de le prendre », image Pierre. A ses côtés, Camille : « j’attendais l’occasion. Cela me permet de m’installer en tant que producteur de lait et rejoindre mon mari. Nous allons conforter notre autonomie fourragère ». Camille, Pierre, Julien, Damien, Guillaume et Denis ont reçu symboliquement, samedi dernier, leur sésame d’exploitant agricole des mains d’Emmanuel Hyest. « Une opération assez exemplaire. On part de loin. Cette exploitation importante aurait pu partir à l’agrandissement mais l’achat par la SCEA a permis de la valoriser au mieux. On répond à la demande des jeunes agriculteurs et à celle des politiques publiques », se réjouit le président de la Safer Normandie. « J’espère que ce n’est qu’une première. Si on peut en faire d’autres, on ne va pas se gêner même si on modifie l’ordre établi ». Cette opération foncière atypique n’a pas fait toute l’unanimité dans le landerneau seinomarin. Pourtant, le maire de Petit-Caux-Assigny s’est félicité « d’une vraie dynamique ». Une commune qui a établi une charte de bon voisinage et promeut les bonnes pratiques pour vivre ensemble. « Vivre à Petit-Caux, c’est se partager le territoire en permettant à chacun de trouver sa place et d’y vivre en toute quiétude. L’espace rural est l’affaire de tous, il implique des responsabilités partagées ». Camille, Pierre, Julien, Damien, Guillaume et Denis s’engagent donc à respecter la réglementation, à nettoyer la route en fin de chantier, à être à l’écoute et rester bienveillant… Dans la charte également : expliquer son activité au voisinage. 

UN CHANTIER À 11 M € 
« Cette opération a été rendue possible par le biais de la SCEA qui peut rendre accessible le foncier en revendant la propriété à des bailleurs (4 hors cadres familiaux trouvés par la Safer) et ainsi proposer la location de 6 lots de 39 à 104 ha aux 6 jeunes agriculteurs par des baux cessibles qui sont monnaie courante dans ce secteur », a précisé Alexis Graindorge (responsable foncier chez JA Normandie) et se tournant vers les investisseurs : « vous avez fait le choix du foncier, ça a du sens. On reste dans une agriculture à taille humaine qui doit répondre aux enjeux de la transition agroécologique en allant chercher de la valeur ajoutée ». Et Vincent Letellier (chef de service à la Safer Normandie) d’enchaîner : « cette opération dans laquelle la Safer a mobilisé 11 M€, 50 % de ses fonds propres, est un succès après plus d’un an de rédaction de protocole, d’échanges avec les conseils et avocats, les réunions terrain pour répartir le matériel… » Le mot de la fin pour Emmanuel Roch et Jérôme Malandain. « L’action de la Safer se juge toujours par ce qu’elle parvient ou pas à faire. Elle a en quelque sorte une obligation de résultat et ici c’est carton plein pour l’installation, 6 d’un coup », insiste le président des JA Normandie. Le président de JA 76 est sur la même longueur d’onde : « nous sommes heureux de constater que l’objectif est largement atteint, au-delà même de nos espérances. Non seulement on évite un agrandissement excessif d’un seul agriculteur qui aurait tout accaparé mais on installe 6 jeunes dans un secteur où l’installation est extrêmement difficile car nous sommes à proximité du projet d’EPR 2 ».

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