Tout foin et vaches Normandes au lycée du Robillard.
Témoignage d'Anthony Herouet du lycée du Robillard à Lieury dans le Calvados.


Au lycée du Robillard on est en pleine saison de vêlage, avec 52 vaches traites (100 % Normandes) et un pic attendu de 65 dans quelques semaines. Le lait est produit avec un cahier des charges AOP Livarot et Pont l'Evêque.
Il y a un an, la ferme du lycée a saisi l'opportunité d'améliorer la valorisation du lait par un contrat qui les engage à nourrir les animaux avec un fourrage non fermenté. Le contrat " lait cru et foin " leur permet d'avoir une rémunération en lait A très intéressante avec 25 €/t de prime foin. Cependant, aujourd'hui ce changement dans la conduite du troupeau se paye au niveau de la productivité qui a légèrement baissé. " Nous avons réussi à maintenir un niveau de production satisfaisant grâce au foin de luzerne et au maïs grain. L'herbe pâturée représente dans un tel système le premier levier pour maintenir le lait et cette année malheureusement les attentes n'ont pas été au rendez-vous. "
Un pâturage très sévère
Les surfaces disponibles au pâturage sont d'environ 50 ares/VL. La disponibilité d'herbe devrait donc largement suffire sur une grande période de la campagne de pâturage qui se déroule habituellement entre la mi-mars et la mi-novembre.
" Nous livrons en lait cru. Les exigences sanitaires et la gestion des mammites sont au cœur de nos pratiques et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du lait à cause des antibiotiques. C'est pour cela que nous évitons toutes les pratiques que par le passé nous ont déjà donné des mauvaises surprises. C'était le cas de la mise en place des parcelles parking pendant l'été. On a essayé en 2022, année très marquée par la sécheresse. L'apparition de deux cas de mammites nous ont convaincu que ce n'était pas une solution adaptée à notre contexte. Depuis, on continue à faire tourner les vaches en essayant de respecter les temps de repos mais ce n'est pas toujours évident, surtout quand comme cette année l'herbe ne pousse pas. "
Pour éviter cet écueil, le lycée du Robillard pratique depuis une sorte de Bâle Grazing d'été. Des balles de foins de luzerne sont déroulées dans les parcelles de nuit, les plus proches de la stabulation (choix dicté par des questions d'organisation du travail) mais les vaches continuent à tourner sur le parcours. Cette année, très défavorable à la croissance de l'herbe notamment dans cette partie du Calvados, cette pratique a amené à des hauteurs d'entrée dans les parcelles souvent en dessous des celles souhaitées.
C'est un serpent qui se mord la queue. Moins il y a d'herbe, moins il y a de croissance. Moins il y a de croissance et moins il y a d'herbe. Dans ce cas, la seule solution possible consiste à augmenter la part à l'auge pour ralentir le pâturage et laisser aux prairies le temps de faire leur croissance. Il est important de commencer à mettre en place cette pratique dès les premiers signes pour éviter de se laisser importer par ce cercle vicieux. En quoi consistent les premiers signes ? Des hauteurs d'herbe moyennes sur l'ensemble du parcours en dessous des 6 cm.
La croissance de la semaine
Les conditions ont été enfin réunies et nous assistons en cette fin de mois de septembre à une reprise de pousse désormais inespérée.