Témoignage d'Albéric Avenel à Manéglise (76).


Nous avions recueilli le témoignage d'Albéric au mois d'avril dernier, lorsque les valeurs de croissance de l'année étaient encore inconnues. Aujourd'hui, nous retournons l'interroger pour voir comment il a adapté ses pratiques face à une campagne qui s'est, jusqu'ici, révélée très décevante du point de vue de la production d'herbe.
Un pâturage qui ne s'est jamais arrêté grâce aux stocks sur pied
Lors de notre premier entretien, Albéric nous avait fait part de sa vision du débrayage des parcelles de prairies temporaires, riches en trèfle violet, comme d'un outil majeur d'adaptation du pâturage au climat de l'année.
" Ce sont, de préférence, les prairies temporaires que je débraye puisqu'elles sont plus riches en trèfles et leur valeur alimentaire et leur appétence se dégradent moins que celle des permanentes. La décision de faucher ou pas est prise fin mai-début juin, lorsque la météo de la campagne se précise. Si on est en année favorable à l'herbe, je fauche, si au contraire il s'agit d'une année défavorable, je fais du stock sur pied ".
Cette année, il n'y a donc pas eu besoin de sortir la faucheuse : " Je n'ai pas vu de pic de croissance et la pousse d'herbe a été en dent de scie en fonction des pluies et des chaleurs. Donc j'ai gardé mon stock que j'ai fait consommer au fil en deux périodes : le premier entre le 10 et le 20 juillet, le deuxième entre le 10 et le 30 août. J'attends la fin de la campagne pour faire les calculs de rendement herbe, mais il faut vraiment qu'on puisse avoir une bonne pousse d'automne si on veut rattraper le manque que nous avons observé au printemps ". Cependant, si la quantité n'a pas été au rendez-vous, la qualité a été très satisfaisante. " Les vaches ont bien répondu et ce printemps, l'herbe pâturée avec 3 kg MS/VL/j de maïs épi, 1,5 kg/VL/j de tourteaux de colza + 100 g de minéral, a permis aux vaches d'atteindre les 25 l/VL/j, alors que d'habitude je suis autour de 23 pour une même ration ".
Augmenter les surfaces en herbe
Actuellement, Albéric dispose de 27 paddocks qui, en hiver, sont pâturés 2 jours par paddock, ce qui donne un temps de retour de 55 jours. Il voudrait plutôt 60-70 jours et c'est pour cela qu'il va ressemer de la prairie.
" Je sème un mélange de RGH (précocité au printemps et à l'automne), RGA (qualité et appétence), dactyle (relai d'été), TB (légumineuse de fond), TV (production d'été et stock sur pied) et plantain (santé de la vache). Je calcule grâce à la calculette d'Herbebook (Herbe-book, le portail de référence des semences fourragères) les doses de semence de chaque espèce de manière à avoir le même pourcentage de pied de chaque espèce. Je sème fin août avec un semoir à céréales en ajoutant de l'avoine brésilienne que je fais pâturer 60-80 jours après le semis. Tout est semé en même temps à 1 cm et roulé. "
Les prairies dans la rotation
Comme d'habitude, j'ai pu constater les effets positifs du précédent prairie sur le lin. Cette année, on a eu plus de chénopodes sur la parcelle à précédent prairie que sur celles à précédent blé, mais malgré cela le rendement paille a été nettement supérieur (6 t/ha contre 4 t/ha en précédent blé).
La croissance de la semaine
Le retour des pluies a relancé la croissance qui reste cependant encore inférieure aux attentes.