Nouvelles formes de projets : 2 ans ça passe, 4 ans ça casse !
Les associés sont soucieux de garder le cap mais peuvent s'encroûter dans les habitudes. Lorsque la gouvernance évolue, il ne faut pas hésiter à reconsidérer certaines décisions. Faire évoluer ses statuts, son règlement intérieur, la valeur de parts... est le signe d'une entreprise qui vit et s'adapte à son environnement.

© Chambres d'agriculture Normandie
DFaire évoluer ses statuts, son règlement intérieur, la valeur de parts... est le signe d'une entreprise qui vit et s'adapte à son environnement.
Alain est agriculteur proche de la retraite et en cours de transmission avec un collectif nouvellement installé. Il alerte ses jeunes associés sur le renouvellement successif d'associés. Les entrées-sorties peuvent fortement déstabiliser la vie de l'exploitation. D'ailleurs, il fait le constat qu'arrêter une valeur de parts sociales sur une période trop longue n'est pas toujours une bonne idée. Alain évoque son expérience passée dans son Gaec avec Sylvie, sa femme et Michel, son frère. Ils ont été en Gaec pendant 15 ans. Les valeurs communes qui les animaient avaient permis à l'entreprise de se développer. Alors qu'ils approchaient tous les trois de la retraite, ils avaient conduit un travail " stratégique " sur l'avenir de leur entreprise en envisageant une transmission " en plusieurs temps ". N'ayant pas le même âge, la programmation des départs s'était étalée sur 3 ans. Et par souci d'équité, ils avaient arrêté la valeur de la part. " C'était plus simple et logique car on avait démarré ensemble. "
Michel est parti depuis cinq ans, il a été remplacé par son fils. Paul a quitté la structure l'année dernière quand Gaspard a souhaité l'intégrer.
Alain souhaiterait céder ses parts à Victoria, une jeune qui commence une période de parrainage et dont l'installation pourrait se concrétiser dans 18 mois. Ces mouvements sont marquants pour ce collectif " il faut réapprendre à fonctionner ensemble ". Le contexte économique de l'exploitation, combiné à l'évolution des personnes nécessite des recalages. En effet, l'arrivée de Victoria génère quelques divergences sur l'adéquation entre la valeur de l'entreprise et le prix des parts sociales qui ont été " sanctuarisées " il y a 4 ans.
Cette situation complique un peu l'intégration de Victoria car elle introduit dans la réflexion une décision prise par des personnes qui ne sont plus présentes sur l'exploitation.
Affaibli par le temps
Sanctuariser la valeur de part était, pour les associés sortants, une intention louable. Ils voyaient dans cette solution un moyen de ne léser personne. Toutefois le temps et l'évolution des décideurs rendent cette situation inconfortable. Le dernier cédant " porte le poids " de cette décision et le dernier rentrant se sent un peu " pris au piège ". Les autres ont du mal à se positionner car ils sont conscients de l'enjeu " c'est difficile de trouver quelqu'un en ce moment ".
Et inapproprié sur la durée
Un collectif a besoin de clarifier la façon de décider. Dans ce cas particulier, le temps et l'évolution du contexte ont fragilisé la pertinence de ce contrat. De plus, une partie des acteurs a changé. Ce risque a été sous-évalué. Il aurait été opportun de préciser la durée de son application pour le remettre en question en toute légitimité.