Mercosur : la France lâche du lest... et ses agriculteurs ?
Le président de la République a indiqué que la France pourrait très certainement apposer sa signature en bas du Traité du Mercosur. Une perspective qui a fait bondir la FNSEA qui parle de " rupture ".
On sentait venir les premiers indices de ce que d'aucuns appellent déjà une " trahison ". Depuis quelques mois, les observateurs constataient un certain relâchement dans les combats que l'exécutif menait contre l'accord du Mercosur. C'est d'ailleurs ce qui a fait manifester la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs à plusieurs reprises ces derniers mois (en décembre 2024, en janvier 2025, etc.) et aussi la FNB au mois de juillet dernier près de l'ambassade du Brésil à Paris. Mais voilà, il semble les dernières digues aient cédé et que la France s'apprête à signer un traité dont ses agriculteurs ne veulent pas. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait déjà forcé la main le 6 décembre 2024 en se rendant à Montevideo pour y signer, en catimini, cet accord de libre-échange.
Maintenant, c'est le chef de l'État Emmanuel Macron qui a déclaré, le 6 novembre dans la soirée, être " plutôt positif " sur la possibilité de l'accepter. " Mais je reste vigilant parce que je défends aussi les intérêts de la France ", a-t-il ajouté dans une déclaration en marge de la COP 30 qui s'est ouverte le 10 novembre à Belém (Brésil).
Le président de la République semble avoir reçu des garanties de la part de la Commission européenne, notamment sur les clauses de sauvegarde. Celles-ci pourraient protéger (de manière temporaire seulement) les produits agricoles européens par une augmentation temporaire des droits de douane sur les produits agricoles importés des pays du Mercosur, " si ces produits portent préjudice à l'agriculture européenne ". Mais sur quels critères ? De plus, le président brésilien Lula da Silva, et Ursula von der Leyen ont annoncé dans un communiqué qu'ils étaient " disposés à signer " l'accord lors du sommet du Mercosur, le 20 décembre à Rio de Janeiro.
Lignes rouges
La réaction de la FNSEA ne s'est pas fait attendre par l'intermédiaire de son président, Arnaud Rousseau. Sur son compte X, il a rappelé que " depuis des mois " Emmanuel Macron " affirmait au monde agricole sa ferme opposition à l'accord de libre-échange avec le Mercosur. Aujourd'hui (...) il se dit "plutôt positif" à l'idée de l'accepter. C'est un reniement total. Décidément, après l'insulte du Salon de l'agriculture d'il y a deux ans, lorsque le chef de l'État avait évoqué l'idée d'inviter les Soulèvements de la Terre pour "dialoguer" avec les agriculteurs, cette déclaration, prononcée qui plus est à Belém, au cœur du territoire de nos concurrents agricoles, sonne comme un nouvel affront ". Le ton est même monté d'un cran : " le président de la République signe sa rupture avec l'agriculture française ", a écrit Arnaud Rousseau. Il appelle d'ailleurs les députés européens qui doivent ratifier cet accord à faire bloc.
De son côté, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a pris une position qui pourrait s'apparenter à une voix divergente de celle du chef de l'État. " Aujourd'hui, s'il y a des avancées, le compte n'y est pas ", a-t-elle indiqué sur son compte X. Elle a précisé que les lignes rouges commençaient à bouger. Sur le dossier de la clause de sauvegarde effective pour suspendre les importations en cas de déstabilisation de marché, c'est " un sujet essentiel qui avance, grâce à notre mobilisation ", a-t-elle assuré. Mais elle est restée quelque peu évasive sur les contrôles renforcés sur place et aussi sur le respect des normes sanitaires et environnementales.
Déjà certaines FDSEA et sections départementales de JA ont annoncé leur intention de manifester. C'est le cas à Bellême dans l'Orne où la FDSEA a décidé de faire entendre son mécontentement. Le lieu n'a, bien sûr, pas été choisi par hasard.
D'autres mouvements devraient suivre.