et répondre au changement climatique et aux besoins des filières
Maïs : la génétique pour augmenter les rendements.
Le rendement n'est pas le seul indicateur de performance économique d'une culture, il participe à sa compétitivité dans un contexte de marchés concurrentiels et par rapport à d'autres cultures. Le progrès génétique rendement du maïs grain a été soutenu jusque dans les années 2000 avec une évolution moyenne entre 1,3 à 1,8 q/ha/an, depuis il a ralenti avec une moyenne entre 0,9 et 1,1 q/ha/an (Figure 1), mais il est bel et bien présent.
Au-delà, du critère rendement et de sa régularité travaillé par les sélectionneurs, les efforts ont été également portés sur la précocité des variétés, la tenue de tige et la teneur en UFL - Unité Fourragère Lait.
Côté précocité, à même durée de cycle, les variétés des groupes précoces à demi-tardifs d'aujourd'hui présentent des floraisons plus tardives et des vitesses de dessiccation plus rapides générant potentiellement des indices foliaires plus élevés qui interceptent mieux la lumière, ce qui a participé également au progrès génétique en rendement. L'introduction de fond génétique a floraison plus tardive s'est assortie d'une augmentation du nombre de grains potentiels par épi. Les gains de vitesse de dessiccation qui, à même durée de cycle entre le semis et la maturité, ont compensé la floraison un peu plus tardive, sont des atouts dans un contexte de minimisation des coûts de séchage.
Les progrès les plus significatifs obtenus en tenue de tige ont surtout été réalisés avant les années 2000. Les niveaux atteints dans les années 2000 par les nouvelles variétés, en comparaison de variétés témoins très résistantes à la verse, peuvent être considérés comme difficiles à dépasser. Toutefois, le critère de bonne tenue de tige reste un minimum à satisfaire lors du choix des variétés.
Concernant les progrès de concentration en UFL des variétés récoltées en ensilage, les variétés inscrites en France à la rubrique maïs fourrage depuis les années 1996-1998 montrent une augmentation de + 0.04 à + 0.10 en UFL par kg MS/an.
Toutefois, le progrès génétique en rendement ne se concrétise dans les parcelles d'agriculteurs qu'à condition de renouveler les variétés. De plus, les gains de rendement apportés par ce progrès sont en grande partie absorbés, depuis le début des années 2000, par l'évolution climatique, les restrictions d'irrigation, les pratiques et le contexte parasitaire.
Des attentes dictées par les projections climatiques
Aujourd'hui, les effets directs du réchauffement climatique renforcent l'objectif historiquement poursuivi : obtenir des variétés aptes à produire sous aléas climatiques et ayant un bon comportement vis-à-vis d'une grande diversité de scénarios de déficits hydriques. L'avancement des dates de semis, ainsi que les risques de froid pouvant survenir à des stades plus avancés du maïs sous l'effet de cumuls de températures plus rapides, réactualisent le besoin de disposer des variétés tolérantes à des températures froides. L'augmentation des fréquences de canicules estivales justifie l'intérêt de la tolérance à des températures maximales supérieures à 35 °C.
En termes de bioagresseurs, les ravageurs sont l'ennemi n° 1 et l'augmentation de températures sous l'effet du changement climatique va engendrer l'arrivée de nouveaux ravageurs dans nos régions comme la sésamie, et l'intensification des attaques pour d'autres comme la pyrale. Les dégâts des ravageurs du maïs sur les rendements sont estimés, en moyenne, à près de 12 % en maïs grain et 3,6 % en maïs fourrage ; toutefois les pertes peuvent atteindre respectivement 17,5 et 9,4 %. Taupins, larves de pyrales et sésamies sont les plus de nuisibles, suivies des mouches (oscinies et géomyzes). Ainsi, des progrès en gestion prophylactique et en tolérance des variétés sont donc des défis importants pour les zones les plus concernées.
Vérifier la compatibilité entre les différents caractères désirables est stratégique. Par exemple, la tolérance aux déficits hydriques et aux températures élevées ne peut se faire au détriment du bon comportement du jeune maïs aux températures froides ni de la sensibilité à des pathogènes opportunistes ; de même, la digestibilité des parois, recherchée en maïs fourrage, ne peut s'obtenir sans préserver la tenue de tige.