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L’irrigation modulée à portée de canon.

L’eau : un enjeu majeur sociétal et agricole. Le réchauffement climatique risque de radicaliser les uns contre les autres, alors attention à ne pas tomber dans le piège. « Ne la gaspillons pas et creusons toutes les pistes alternatives », invite Arnaud Clomenil. Le président de la section « Irrigation » de la FNSEA 27 parle même d’irrigation modulée.

© TG

Que représente l’irrigation dans l’Eure ?

Nous dénombrons 160 à 200 irrigants dans le département et la section « Irrigation » de la FNSEA 27 est affiliée à l’association des « Irrigants de France ». Nous consommons environ 2 % des volumes sur 4 à 5 mois de l’année répartis sur le printemps et l’été.

 

L’irrigation concerne quels types de cultures ?

En dehors des légumes et du maraîchage, elle concerne principalement les cultures industrielles comme la pomme de terre, la betterave sucrière et le lin. Signalons également un peu de maïs dans la vallée de l’Eure et du blé.

 

L’irrigation, c’est de l’arrosage ?

Nos pratiques ont nettement évolué ces dernières années. Nous pouvons parler désormais d’irrigation raisonnée et de modulation de l’apport d’eau grâce à l’agriculture de précision. On suit de très près la météo et nous disposons de réseaux et d’outils informatiques d’aide à la décision spécifiques à chaque culture.

 

Ce qui signifie que l’on ne gaspille plus l’eau ?

Au grand public, qui pense qu’irriguer en plein soleil constitue une absurdité, je répondrai par les études menées, notamment par Arvalis, qui démontrent que les niveaux de perte dans ce cas de figure ne sont que de 2 % environ. A contrario, l’évapotranspiration pose problème par fort vent avec une mauvaise répartition de l’eau.

 

D’où vient cette eau et combien ça coûte ?

Depuis 8 ans, nous n’avons plus le droit de pomper dans les rivières donc l’eau provient uniquement de puits de forage qui sont tous répertoriés par la DDTM. Chacun est équipé d’un compteur et nous sommes limités en volume avec une tolérance de 10 %. Nous payons une redevance de 15 centimes/m3.

 

Vous êtes aussi victime d’agribashing sur cette activité ?

Nous subissons, plus particulièrement depuis 2 ans, des actes de vandalisme. Quand le particulier n’a plus le droit d’arroser sa pelouse ou de laver sa voiture alors qu’il nous voit irriguer nos cultures, cela crée de la frustration, voire de la jalousie, qui peut se traduire en actes malveillants comme des tuyaux coupés par exemple.

 

Quelles sont les attentes de la section « Irrigation » de la FNSEA 27 ?

A minima, le maintien des volumes autorisés à ce jour, mais avec le réchauffement climatique, cela ne suffira pas. Nous avons de fortes demandes dans des régions comme le Vexin ou le plateau du Neubourg. Nous sommes en veille sur les retenues collinaires même si cela représente un coût et mobilise de grandes surfaces. En milieu périurbain, on évoque également les urines retraitées.

On se bat enfin pour ne pas arriver à une situation comme dans l’Eure-et-Loir avec un système de quota. Nous ne disposons pas d’une référence historique suffisante, car l’origine de notre eau de pompage provenait principalement de rivières souterraines.

 

Quel est le gain de productivité permis par l’irrigation ?

J’ai démarré en 1973 et, avec le recul, je dirai 1 t/ha supplémentaire en céréales. En betterave, l’irrigation m’a permis d’assurer les 100 t/ha ces 3 dernières années. C’est un peu une assurance rendement. N’oublions pas parallèlement le bilan azoté. L’irrigation permet d’optimiser tous les apports d’azote.

Cependant, les effets ne sont pas systématiquement bénéfiques à cause des aléas météorologiques. Si on irrigue et que l’on subit ensuite une période de fortes pluies, la pression maladie peut s’en trouver accentuée.

 

Cela représente un gros travail ?

Me concernant, il s’agit d’un réseau enterré donc je n’y passe environ qu’ 1 h 30 au quotidien en pleine saison. Après, il y a de la surveillance : vandalisme, sécurité sur les pompes, désaccouplage de tuyaux...

 

Quelles sont vos relations avec l’administration de tutelle ?

Elles sont bonnes. Nous entretenons avec les collaborateurs de la DDTM en charge du dossier « eau », des relations de confiance et de respect mutuel. Préservons-les en ne gaspillant pas l’eau. Les contrôles terrain ont vocation à nous conseiller avant de nous sanctionner. C’est une chance.

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