L'implantation, premier levier de maîtrise pour les pois et féveroles d'hiver.
La phase de semis approche pour les pois et les féveroles d'hiver. Afin de minimiser le risque de maladie et de maîtriser au mieux le potentiel de rendement, la phase d'implantation est primordiale pour poser les bonnes bases de la réussite de ces cultures.
Le choix d'une parcelle non hydromorphe présentant une bonne capacité de ressuyage (maîtrisé par l'absence de rupture de porosité du sol et par la gestion des pailles) est le critère numéro 1. L'absence d'eau stagnante assure moins de risque de gel et de maladie. Les implantations en semis direct semblent plus efficaces avec une pression maladie souvent plus faible. À noter que la féverole présente une meilleure tolérance à l'hydromorphie par rapport à un pois ou un blé.
Choisir une culture et une variété adaptées au type de sol
Le pois d'hiver s'adapte à de nombreux contextes de sols, néanmoins, il faudra prendre en compte la tolérance à la chlorose ferrique des variétés pour les limons froids et les sols calcaires. Cette carence, même passagère, peut affaiblir les plantes en les rendant plus sensibles aux maladies.
La féverole d'hiver s'adapte à de nombreux types de sol mais se développera mal sur les sols acides (pH 5,5). Pour les sols basiques (pH > 7,5), des carences en bore sont possibles, nécessitant de corriger la situation par un apport de 300 g/ha avant le début de la floraison.
Le délai de retour de 5-6 ans entre deux légumineuses de rente reste une règle importante pour éviter des risques de bioagresseurs tels que l'aphanomyces en pois. L'exposition au froid n'est pas un facteur rédhibitoire, mais des leviers agronomiques doivent s'opérer en conséquence, à commencer par le choix d'une variété* à bonne tolérance au froid et par l'application d'une date de semis et d'une profondeur adaptée.
Préparation du sol et du lit semence
Le pois et la féverole nécessitent une structure de sol aéré sur 15-20 cm pour assurer leur alimentation, notamment leur autonomie en azote via la nodulation.
La préparation du lit de semence doit également être soignée sur 8-10 cm afin de permettre d'enterrer les graines à une bonne profondeur et d'améliorer le contact sol-graine. La féverole s'adapte à des préparations moins fines que le pois.
Dans toutes les situations, l'écoulement de l'eau doit s'opérer sans obstacle lié à une rupture de porosité. Au-delà du risque d'hydromorphie sur le long terme, c'est avant tout la limitation des fenêtres d'interventions, faute d'un bon ressuyage des parcelles qui peut entraver la conduite technique.
Éviter la surdensité, pour limiter les maladies et le coût en semences
Le pois et la féverole d'hiver ramifiant plus que les types printemps, il est conseillé de ne pas dépasser les densités recommandées au risque d'augmenter inutilement la charge en semences pour un risque de maladie plus élevé (le colletotrichum et l'ascochytose pour le pois ou le botrytis pour la féverole). Voir ci-dessous les tableaux sur les composantes optimales pour un bon rendement.
Date de semis et profondeur
Dans un contexte d'évolution du climat (hivers plus chauds et humides), la date et la profondeur du semis doivent évoluer afin d'atténuer les dégâts de gel et le risque maladie :
Semer tardivement, idéalement du 15 novembre au 20 décembre. En semant plus tard, les plantes affichent des stades moins sensibles au gel de sortie hiver et assurent une moindre sensibilité aux maladies. Pour rappel, la tolérance au froid est maximale entre 2-3 feuilles et 6-7 feuilles. Passé ces stades, elle diminue, pouvant s'enchaîner très vite en cas de semis précoces.
Semer à 5-6 cm en pois et 7-8 cm en féverole afin de protéger l'épicotyle, zone la plus sensible au gel. Les graines étant vigoureuses, la levée peut s'opérer sur plus d'un mois sans conséquence sur le potentiel. Enfin, il est important de rappeler que le pois et la féverole nécessitent une fourniture moyenne en phosphore et en potasse, éléments jouant un rôle important dans le métabolisme, notamment dans l'enracinement et la nodulation.
Comptez 50-60 unités de phosphore et 70-80 unités de potasse selon la fourniture du sol.