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Lait bio : une solution pour moins produire de carbone.

L’agriculture laitière biologique s’appuie sur des pratiques vertueuses en matière d’environnement. L’abandon des engrais chimiques, le pâturage et la culture des légumineuses agissent sur la production de carbone. Des marges de progrès sont toujours possibles.

© Source : Idele – Résultats Carbon Dairy – Systèmes

L’élevage laitier en agrobiologie a une empreinte carbone faible, non seulement du fait d’émissions de gaz à effets de serre moindres - moins d’intrants entre autres -, mais aussi du fait une séquestration de carbone dans le sol plus importante - surfaces en herbe plus grandes, allongement des durées de rotation, etc.

 

Une moyenne de 0,69 kg éq.CO2 par litre de lait produit

L’émission moyenne d’un élevage laitier engagé dans le projet Carbon Dairy (4 870 élevages engagés dans ce programme entre 2015 et 2020) se situait aux alentours de 657 tonnes équivalent CO2 (téq) par an, soit une empreinte carbone nette de 0.87 kg éq.Co2/litre. En élevage certifié Agriculture biologique et sur les 75 élevages partenaires du projet, l’émission moyenne se situait à 464 teq CO2 par an, soit 0,69 kg éq.CO2/litre. Cependant, cette moyenne masque une variabilité des résultats au sein de 75 élevages allant de 0.39 kg éq.CO2/litre pour les 20% d’élevage ayant l’empreinte la plus faible à 0.98 kg éq.CO2/litre pour les 20 % avec l’empreinte la plus élevée.

 

Des leviers d’action mobilisables

Trois principaux axes sur lesquels des pratiques divergent permettent d’expliquer la variabilité des résultats. La performance laitière du troupeau peut souvent être améliorée en travaillant encore et encore sur la qualité des fourrages pâturés et récoltés. Une meilleure ingestion, grâce à une meilleure qualité, induit de fait une ration plus efficace permettant de produire du lait avec moins de concentrés nécessaires pour produire un litre de lait. Cette optimisation de performance passe aussi par une amélioration de la conduite sanitaire, limitant les pertes de production et la reproduction (âge au 1er vêlage, nombre et durée des lactations par vache).

L’autre axe d’amélioration est celui de la qualité des fourrages et de la valorisation du pâturage en recherchant plus d’autonomie alimentaire et protéique, en maitrisant la quantité et la qualité de l’herbe valorisée des prairies, en ajustant la fertilisation aux besoins, en favorisant le pâturage pour limiter le transport et le stockage des effluents.

Un dernier axe important à travailler est celui sur la réduction des consommations de carburant et électricité, souvent délaissé. En effet, les différences de résultats environnementaux se font aussi par l’optimisation de l’organisation du travail, par de l’éco conduite, par de l’échange de parcelles ou encore par l’adaptation de la puissance des tracteurs aux outils utilisés (passage au banc d’essai). Des gains sont aussi possibles grâce à l’installation de récupérateur de chaleur, d’un pré-refroidisseur ou en veillant à l’entretien des tanks à lait.

 

De possibles liens vers la labellisation Bas Carbone

Pour les éleveurs laitiers en agriculture biologique désireux d’améliorer encore leurs pratiques, travailler sur ces marges de progrès conduira à une optimisation globale du système et donc à une amélioration de l’efficacité économique de son exploitation. Une autre voie de valorisation économique est aujourd’hui accessible : celle de la labellisation Bas Carbone et de la monétarisation de ses crédits carbone. Cette voie présentera d’autant plus d’intérêt que des marges de manœuvre existent sur l’exploitation, rendant additionnels les efforts faits en matière de réduction d’émission de GES et de séquestration de Carbone. Pour obtenir ce label et pouvoir valoriser des crédits carbone, il vous faudra faire acte de candidature à la démarche France Carbon Agri lors de l’ouverture d’un appel à projets (1 à 2 fois par an). Par ailleurs, un diagnostic devra être réalisé pour évaluer l’empreinte carbone actuelle de votre élevage et identifier les actions à mettre en œuvre pour la réduire. Après un délai de cinq ans, un nouveau diagnostic sera effectué pour mesurer les économies de carbone réalisées sur votre élevage et les co-bénéfices obtenus au-delà de la réduction des émissions de gaz à effet de serre : l’aménagement des territoires, l’entretien des prairies, le maintien de la biodiversité. Un accompagnement est possible par diverses structures de conseil au niveau normand.

 

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Témoignage de Christophe Osmont, éleveur Bio dans la Manche (50 - Coutances)

« L’agriculture biologique, permet de stocker plus de carbone : moins ou pas d’achat de soja importé qui implique la déforestation en Amérique du Sud, favorisation des prairies et non du maïs dans nos systèmes d’élevage, conservation des haies, agroforesterie…

En bio, les bovins ne peuvent pas rester enfermés dans un bâtiment toute l’année. Cela implique de les faire pâturer, donc de privilégier les prairies. Les prairies stockent plus de carbone que les forêts et les friches parce qu’elles sont toujours en pleine pousse, avec des plantes jeunes. Elles stockent donc plus de carbone en croissant.

En tant que paysans bio, nous avons tout intérêt à montrer que nous stockons du carbone par nos pratiques. L’entrée dans le référentiel Label Bas Carbone, avec ses incitations financières pour service écologique rendu me semblerait justifiée pour la reconnaissance et la valorisation de nos pratiques existantes.

Les projets liés à ce référentiel Label Bas Carbone, peuvent nous permettre de connaître nos données. Elles peuvent également nous faire prendre conscience qu’en bio, même si nous allons déjà bien plus loin dans nos pratiques, nous sommes prêts à aller plus loin encore dans la valorisation de nos pratiques. »

 

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