Aller au contenu principal

La profession agricole fait le point avec le préfet de l'Eure

A l'invitation de la FNSEA 27, des JA 27 et de la chambre d'agriculture, Jérôme Filippini s'est rendu sur une exploitation de Boissey-le-Châtel le 29 juillet.

Fabrice Moulard (à gauche sur la photo) explique comment les agriculteurs se retrouvent parfois dans des impasses techniques.
Fabrice Moulard (à gauche sur la photo) explique comment les agriculteurs se retrouvent parfois dans des impasses techniques.
© CYRIL CABROL

Le Gaec du Chêne Servin a accueilli le préfet Jérôme Filippini, accompagné de Rik Vandererven, directeur adjoint de la DDTM, sur son exploitation à Boissey-le-Châtel. Victor Delavoipiere, nouveau co-président des JA de l'Eure, était à la manoeuvre pour présenter les activités du Gaec en compagnie de ses parents et associés Laurence et Bertrand. A l'occasion de cette visite, le préfet a constaté que la diversification des productions était un outil de résilience face aux crises et que l'association de plusieurs agriculteurs (sous forme de Gaec ou autre) permettait d'associer des compétences diverses et complémentaires sur l'exploitation.

 

UN BILAN PROVISOIRE DES MOISSONS INQUIÉTANT

Fabrice Moulard, président de la FNSEA 27, a ensuite pris la parole pour présenter l'état d'avancement des moissons, grâce aux remontées d'informations effectuées par les présidents cantonaux. Les rendements moyens doivent être considérés avec prudence compte tenu d'écarts très importants selon les zones et la qualité des terres. La situation est décevante pour l'orge avec 15 à 20 % de moins qu'à l'habitude. Le colza déçoit aussi sur l'ensemble du département pour des raisons climatiques mais aussi à la suite des impasses techniques entrainées par l'interdiction d'insecticides. Certains agriculteurs n'ont même pas pu récolter leur colza. Quant au blé, les performances sont plutôt correctes globalement mais avec des performances très mauvaises dans la partie sud du département et dans les vallées séchantes. Les cultures complémentaires de type pois, féveroles présentent de mauvais résultats.

 

SITUATION PEU RELUISANTE POUR LES AUTRES PRODUCTIONS

Pour la betterave, Gilles Lievens, président de la chambre d'agriculture de l'Eure, souligne une année exceptionnellement cruelle en termes d'intensité, les dégâts en plaine étant du « jamais vu ». La production chutera mais de combien : 20, 30 ou même 50 % ? Concernant le lin, indépendamment de la situation provoquée par le Covid-19 sur la filière, la moisson à venir devrait voir 10 % des lins non arrachables et 30 à 40 % non teillables, selon Laurent Duclos. Ce dernier, président de la section laitière de la FNSEA 27, enchaîne sur la situation du lait : « ce secteur est structurellement en crise ; le bénéfice des EGA est réel à condition qu'ils soient effectivement appliqués mais la filière ne parvient pas à reconstituer sa trésorerie avec des éleveurs en flux tendus sur le fourrage et qui n'ont pas les moyens de constituer des stocks. Je crains une campagne de promotion agressive à la rentrée dans les GMS et la pression que ne manqueront pas de mettre les industriels laitiers sur nos prix ».

Benjamin Chamoy, président de la section viande bovine de la FNSEA 27, valide la même problématique de fourrage que pour le lait ; pour lui, Les EGA ne sont en outre pas respectés : « une partie de la valeur ajoutée ne redescend pas comme prévue au producteur. La concurrence étrangère déloyale nous impacte beaucoup ».

PRÉSERVER LES FILIERES

Fabrice Moulard insiste sur la nécessité de préserver les filières et les trop rares outils de transformation : « un accompagnement financier momentané n'est pas une solution, surtout si les fonds sont repris sur d'autres fonds agricoles... Il faut une solution sur le long terme. » Par exemple, pour la betterave, l'importation en vue de combler des déficits de productions locales ne peut être qu'une solution temporaire pour assurer la pérennité des outils. Il faut des flux réguliers pour l'approvisionner. « Notre seule sucrerie risque de fermer si des agriculteurs ne renouvellent pas leur plantation de betteraves. Mais pourquoi planter si la production ne peut être au rendez-vous en raison d'impasses techniques provoquées par des interdictions dogmatiques ! »

 

AGRIBASHING ET ZNT

Le préfet rappelle l'importance pour les agriculteurs de communiquer pour convaincre de leurs pratiques. Victor Delavoipierre et Damien Bois, co-présidents JA 27, rappellent que c'est l'un des axes principaux de leur mandature, démarche soutenue par la FNSEA et la chambre d'agriculture. En matière d'agribashing, le préfet rapporte qu'il n'y a eu qu'une seule plainte en juillet dans l'Eure, ce qui peut démontrer, au choix, les bonnes pratiques des professionnels ou un emballement médiatique exagéré sur le sujet (ZNT...). Les agriculteurs présents rappellent au préfet que la consommation de produits phytos se veut la plus modérée possible compte tenu de l'impact environnemental mais aussi du coût.

Interpellé par le préfet sur la variation de la consommation de phytos, Fabrice Moulard répond : « En conclusion, tous les présents conviennent qu'il faut appréhender les exploitations agricoles dans leur globalité », « faire un bilan systémique » comme l'exprime le préfet pour avoir une bonne analyse des impacts d'une exploitation. »

Le mot de la fin est pour la coopération efficace initiée en début d'année entre les forces de l'ordre, le SDIS, la préfecture et les agriculteurs qui a porté à ce jour ses fruits dans la prévention et la lutte contre les incendies.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Eure Agricole.

Les plus lus

Les forces vives de ce festival au côté du speaker officiel. La cheville ouvrière de ce rendez-vous a remercié les bénévoles : "ce sont eux qu'il faut applaudir".
Agricult'Eure en Folie : JA conjugue culture et agriculture.
La seconde édition du festival Agricult'Eure en Folie, qui s'est tenue ce week-end au lycée Édouard de Chambray à Mesnils-sur-…
Les frères Marc et Vincent Depestele ont transmis à leurs quatre enfants les rênes du groupe.
Le groupe Depestele inaugure le teillage du Vexin.
Marc Depestele, le président du groupe s'y était engagé il y a quelques années : " si la production de lin est suffisante l'…
Clotilde Eudier : "on ne ferme pas les robinets, on les suspend. On va réécrire le texte en coconstruction avec l'ensemble du monde agricole".
Le NAI victime de son succès suspendu depuis le 10 juin.
Le téléservice de la Région NAI (Normandie Agriculture investissement) est suspendu depuis le 10 juin pour cause de…
Céline Lefevres a rendu un hommage appuyé au président sortant d'AS 27, ici au côté de sa femme Christine. "Pas facile de vous quitter. Je retiens de ces onze années la richesse des qualités humaines. Cela va me manquer."
AS 27 : ni révolution ni attentisme mais de l'humain.
Pour son baptême du feu en tant que nouveau président d'AS 27 qui tenait le 13 juin dernier son assemblée générale, Gilles…
Des cas de FPA détectés à 100 km de la frontière franco-allemande

Un cas de fièvre porcine africaine a été confirmé le 15 juin sur un sanglier, en Allemagne, sur la rive est du Rhin. Depuis,…

Pas de représentant du NFP (ils n'ont pas répondu) ni du RN (excusés) mais 33 candidats du Centre droit ou majorité départementale et un indépendant.
Législatives : 33 % de participation à l'oral agricole.
Si le premier tour des législatives a rendu son verdict, FNSEA 27 et JA 27 avaient invité, le 27 juin à la Maison des…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 175€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site l'Eure Agricole
Consultez le journal l'Eure Agricole au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal de l'Eure Agricole