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Implantation d’AKS à Rouen : un château en Espagne ?

Où en est le projet d’implantation d’une méga sucrerie par une société dubaïote, sélectionnée par Haropa Port sur appel à manifestation d’intérêt, dans la zone portuaire de Rouen ? Alors que l’annonce, en mars, a provoqué des réactions très positives de la part des collectivités et de l’État, huit mois plus tard, le dossier semble en stand-by. Les planteurs attendent du concret.

Les anciens bâtiments utilisés autrefois par Renault. Tout sera déconstruit pour laisser place à la future sucrerie.
Les anciens bâtiments utilisés autrefois par Renault. Tout sera déconstruit pour laisser place à la future sucrerie.
© © HAROPA PORT

Le 17 mars 2022, Haropa Port – réunion des ports de Paris, Rouen, Le Havre – annonçait avoir trouvé le remplaçant pour le site industriel de 75 ha qu’occupait Renault, à Grand-Couronne Moulineaux : la société dubaïote Al Khaleej Sugar. AKS « ambitionne d’y implanter l’une des plus grandes usines de production de sucre blanc d’Europe. Ce projet conforte la dynamique de réindustrialisation du territoire soutenue par l’État, la Métropole Rouen Normandie et la Région Normandie », précisait le communiqué de presse de l’époque. Les chiffres de 50 000 ha de betteraves transformées en 650 000 à 850 000 t de sucre sont annoncés, AKS ciblant l’export vers le Maghreb, l’Italie, l’Espagne et le Royaume Uni. Le communiqué précisait encore : « le process industriel intègre la construction d’une chaudière à biomasse, alimentée avec des déchets de bois permettant de produire 30 MW/h d’électricité. L’unité fonctionnera toute l’année et AKS achètera l’électricité au fournisseur sélectionné durant la saison de production. Par ailleurs, les sous-produits issus du process sucrier seront valorisés. Un biométhaniseur sera installé, qui produira du biogaz à partir des coupes et queues de betteraves. De la pulpe séchée de betterave sera produite, ainsi que de la mélasse qui permet de produire du bioéthanol ». Si, par sa dimension le projet interpelle, il en reste alléchant.

 

REMBALLER L’EMBALLEMENT ?

Huit mois plus tard et passé l’effet d’annonce, difficile de connaître l’état d’avancement du dossier. Du côté d’Haropa port, le projet semble toujours sur les rails mais peu d’informations circulent. On indique juste, en date du 4 novembre 2022, « qu’une prochaine réunion interministérielle va avoir lieu sur le sujet de l’implantation d’AKS à Rouen, après six mois d’échanges entre cette société et les intervenants concernés ». Quant à savoir qui sera à cette réunion et à quelle date, rien n’est précisé. Contactés, Business France et l’État ne sont pas autorisés à parler sur le dossier. La Région Normandie indique, elle, ne pas avoir « suffisamment d’éléments sur le projet à ce stade pour savoir s’il se fera et si les conditions d’un soutien, notamment financier, sont réunies. La Région étudiera avec attention un éventuel soutien comme elle le fait pour toutes les entreprises s’implantant sur le territoire ». Elle rappelle qu’elle « n’a pas été décisionnaire quant à l’autorisation d’implantation d’AKS. Les terrains sont du domaine portuaire rouennais et Haropa a choisi AKS suite à un appel à manifestation d’intérêt ». De son côté, la Métropole Rouen Normandie complète : « les porteurs du projet ont répondu à un appel à projets d’Haropa Port de Rouen sur un foncier majoritairement dédié à une activité économique depuis de nombreuses années. A ce stade, et s’agissant d’un projet industriel de grande ampleur, les possibles impacts économiques, sociaux et environnementaux sont identifiés et traités en premier plan par l’État et Haropa. La Métropole n’a pas été associée récemment à de nouvelles réunions sur ce projet d’implantation ».

 

LA PAROLE AUX PLANTEURS, EN ATTENTE DE REPONSES

Alexandre Quillet, président de la CGB de l’Eure, rappelle, début novembre, la chronologie côté planteurs : « nous avons vu AKS une fois, huit jours après l’annonce d’Haropa Port. J’ai participé à deux réunions en mai, organisées par le préfet de Région sur le projet AKS, afin que ce dernier puisse rendre au gouvernement un rapport sur les questions industrielles, agricoles, environnementales, de territoire, etc. ». Depuis, silence radio. « En tant que responsable au service des planteurs, j’écoute tous les projets qui tournent autour du sucre, en France et en Europe. Il m’est impossible à ce stade de porter un jugement sur ce projet AKS, car le dossier est incomplet. Et aujourd’hui, les betteraviers sont davantage préoccupés par la situation sanitaire, climatique et réglementaire que par l’existence même du projet AKS ». En Seine-Maritime, Reynald Freger, président de la CGB 76, décrit le même silence : « nous n’avons pas d’information depuis l’été ». Il poursuit : « je suis content qu’une entreprise s’intéresse à notre territoire, notamment pour les planteurs du Calvados privés d’outil de transformation depuis 2020. Mais nous devons prioritairement préserver nos outils industriels existants ».

Reynald Freger souligne en revanche l’intérêt de « partir d’une page blanche » et la réflexion qui en découle. « Le projet – malgré sa taille qui peut faire peur – a le mérite de questionner sur ce que l’on veut pour demain. Il ouvre des pistes de réflexion, notamment sur l’acheminement des betteraves par voie fluviale ou ferroviaire à l’entrée de Rouen, plutôt que par camion. » Ou encore sur la « décarbonation, lourde à porter pour les outils en place ». Il cite aussi la possibilité de production de biogaz, dans une zone de consommation. « Mais tout cela est-il réalisable techniquement ? Nous, agriculteurs, n’avons aucun contact, aucun chiffre, aucun prix. A cette date, ce dossier est resté au stade d’une annonce de projet par la société Haropa Port. Depuis notre rencontre de mars 2022 avec le dirigeant du groupe AKS, aucun élément nouveau dans l’instruction du projet nous a été porté à connaissance. Nous restons attentifs à toute évolution, toujours dans la volonté d’expertise ». Contactée à plusieurs reprises, la société AKS n’a pas répondu à nos sollicitations.

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