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Faces à des négociations commerciales tendues : la coopération laitière lance une alerte.

Dans le bras de fer commercial opposant distribution et transformation qui doit trouver son épilogue avant le 1er mars prochain, la tension va crescendo. Egalim 2 doit aboutir à une meilleure rémunération dans le tank de l’exploitation pour compenser la hausse des coûts de production. La coopération laitière est dans le même bateau. Solidaire de ses adhérents, elle revendique aussi sa part d’augmentation pour pérenniser l’amont et l’aval de la filière.

Pascal Lebrun (président de la branche lait d’Agrial) : « le consommateur doit passer au tiroir-caisse ou (et) la grande distribution
diminuer ses marges »
Pascal Lebrun (président de la branche lait d’Agrial) : « le consommateur doit passer au tiroir-caisse ou (et) la grande distribution
diminuer ses marges »
© TG

La coopération laitière refuse catégoriquement que les négociations commerciales en cours dans les boxes de la grande distribution n’aboutissent in fine au petit jeu pernicieux de « la variable d’ajustement ». L’augmentation du prix payé au producteur, dans un contexte de hausse du coût des intrants (en un an, l’indice Ipampa a augmenté de 11 %), est légitime. L’État, via Egalim 2 et à moins de 100 jours de la présidentielle, exerce d’ailleurs une pression positive.

« Même cause, même effet », revendique-t-on du côté de la transformation. « Nous avons besoin de répercuter toutes nos inflations sur les marques et les MDD (Marque de distributeur) le plus vite possible pour pouvoir rémunérer le lait de nos adhérents à sa juste valeur. Il en va de la pérennité de la filière », lance en guise de sonnette d’alarme Damien Lacombe, président de la Coopération agricole laitière et de Sodiaal.

 

De 8 à 10 % de hausse

Pour répercuter la hausse du prix des matières premières de l’énergie, des emballages et du transport jusqu’en bout de la chaîne, la réévaluation jugée nécessaire varie de 8 à 10 % selon les outils. Mais le chemin n’est pas pavé que de bonnes intentions. Dans ce round de négociations sur les conditions générales de vente, « les retours des distributeurs sont laconiques. Parfois même, il n’y a pas de réponse, déplore la coopération laitière. La situation n’a jamais été aussi compliquée ». Le coup de com d’E.Leclerc avec sa baguette à 0,29 e constitue à ce titre un très mauvais signe, voire une provocation. « Honte à lui au moment où les prix des matières premières flambent et alors que la loi Egalim 2 impose la répercussion de cette inflation au consommateur », s’indigne Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

Pascal Lebrun est sur la même longueur d’onde. « Il faut que cette hausse se répercute jusqu’au consommateur pour les marques nationales et les marques distributeurs. Cela ne représenterait qu’une inflation de quelques euros par an et par famille », plaide le président de la branche lait d’Agrial. Et d’affiner, calculette en main, les enjeux économiques côté stabulation et côté cuisine : « 4 e/an de plus à dépenser pour une famille de 4 personnes correspondant à une réévaluation de 5 % du prix du lait UHT ».

 

Enjeux structurels

Du côté de la coopération, faire chou blanc aurait des conséquences structurelles. Rappelons que les 240 coopératives laitières, réparties partout en France, fédèrent 52 500 associés-coopérateurs producteurs et génèrent de l’activité socio-économique et des emplois au cœur des territoires (23 000 salariés). Un échec pourrait signifier une restructuration de la filière à marche forcée : fermeture de sites peu compétitifs, abandon de zones de collecte à faible densité, baisse globale des volumes de production (...). Le groupe privé Lactalis vient de donner le LA en annonçant une réduction des volumes collectés de 2 %. Un étonnement pour Ludovic Blin. « Le message adressé aux producteurs et à toute la filière me parait très pessimiste et à contre-courant de l’espoir et du dynamisme que les atouts de notre grand bassin devraient inspirer », juge le président de la section lait de la FRSEA Normandie.

Sans porter de jugement de valeur, Pascal Lebrun réitère la volonté d’Agrial de maintenir les volumes et de ne pas s’écarter des zones historiques de collecte. L’avenir à court terme de la filière laitière, versus coopération, se joue donc dans les boxes. Ça rue un peu dans les étables, mais il faut que ça passe sinon ça casse. Sans compter que les outils de collecte et de transformation devront faire face, dans les mois à venir, à une inflation salariale.  Gagner un peu plus pour mieux rémunérer le travail des autres, la boucle est bouclée.

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