Couverts végétaux : de vraies cultures à forts enjeux.
On les récolte, on a les enfouis, ils ont un coût à implantation mais on oublie parfois qu'ils nous rapportent aussi... Les couverts végétaux possèdent de vrais atouts pour les sols, les cultures et la production d'énergie.


D Que ce soit pour produire du fourrage, du méthane, des éléments fertilisants au sol et à la culture ; les couverts végétaux sont à la croisée de nombreux enjeux agronomiques, environnementaux et sociétaux.
Les données issues de la méthode MERCI enrichissantes
"Merci" est une méthode "de terrain" qui se veut facile d'utilisation et rapidement opérationnelle. Elle a été développée en 2010 par la Chambre d'Agriculture Nouvelle-Aquitaine et elle a été régulièrement améliorée avec de nombreux partenaires. Cet outil est en accès libre sur le site : https://methode-merci.fr/. Elle vous permettra d'évaluer l'intérêt d'un couvert et diminuer, le cas échéant, la fertilisation de la culture suivante.
À l'automne 2024, l'extraction de cette base de données a permis après de générer un fichier consolidé de quelques 4 500 enregistrements. Au niveau de la région Normandie, la biomasse moyenne constatée (2,1 t de MS/ha) est la plus faible pour la moitié nord de la France. Cette moyenne traduit de gros écarts sur le terrain et elle confirme que même s'il y a du mieux, les efforts en termes de couverture et la biomasse produite peuvent s'améliorer. Les principales recommandations pour réaliser de beaux et utiles couverts végétaux sont confirmées par l'analyse de la base de données (BDD). Tout d'abord la date de semis... plus on sème tôt plus on aura la possibilité d'avoir de belles biomasses. Il faut privilégier la mise en place des couverts rapidement après la moisson pour bénéficier de l'humidité résiduelle. Si ce n'est plus le cas, il faut patienter jusqu'à l'épisode pluvieux significatif ou bien en fonction des espèces semer plus profondément. Globalement la première décade d'août permet d'obtenir dans notre étude 4 t de Matière Sèche (MS) par hectare (ha).
Pour assurer une bonne biomasse, le nombre d'espèces joue un rôle primordial. Il faut très certainement aller au-delà du réglementaire et viser à minima le nombre de 3 espèces. C'est globalement un gain de 1 t MS/ha !
Le choix des espèces à mélanger est également important. La BDD de MERCI permet de mettre en lumière les espèces qui permettent de réaliser les biomasses les plus importantes. Les espèces les plus productives dans le cadre de mélanges de 2 à 5 espèces : phalécie, moutardes brunes et féveroles sont souvent nommées.
Quelles spécificités pour la méthanisation ?
Lors de la prévision de volume de Cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) pour un projet méthanisation, il est plus raisonnable de se baser sur un rendement de Cive d'hiver. Les espèces retenues sont celles qui apporteront le plus de biomasse.
En Cive d'hiver, les deux espèces principales sont le seigle et l'orge - mais il y a aussi le triticale, l'avoine qui sont possibles. Le seigle obtient souvent un rendement biomasse intéressant. Il a l'avantage de laisser une meilleure structure de sol que le ray-grass. Cependant, c'est une espèce hôte du piétin échaudage.
Le mélange Seigle + Vesce : intéressant notamment en zone humide où la vesce permet de limiter le salissement lorsque la graminée est mise en difficulté.
L'orge est une espèce plutôt adaptée sur les bons limons profonds et drainants au sous-sol calcaire. Elle est plus tardive que du seigle mais début mai, son rendement est équivalent.
En Cive d'été, les espèces majoritaires sont le maïs, le sorgho et le tournesol.
Quelles spécificités pour l'Agriculture Biologique ?
Les objectifs majeurs sur la rotation prêtés aux couverts végétaux en AB sont la gestion des adventices et la disponibilité d'éléments nutritifs. Un des objectifs premiers du couvert une fois implanté est de couvrir rapidement le sol pour concurrencer les adventices. En AB s'il y a des vivaces, il vaut mieux donner la priorité à leur gestion. Il est plus prudent d'éviter d'introduire des vesces dans les couverts, il est ensuite difficile de s'en débarrasser. Les économies les plus importantes (135 kg N/ha) sont obtenues avec des couverts de légumineuses pures. Les mélanges légumineux non-légumineuses garantissent cependant des résultats plus réguliers.