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Céréales à paille : la génétique pour répondre aux enjeux sociétaux, économiques et environnementaux.

Relever les défis climatiques, économiques et sociétaux, tout en assurant la compétitivité des céréales à paille françaises, sont autant d'enjeux qui reposent sur le levier génétique. Retour sur les évolutions permises par la génétique ces dernières années en orge d'hiver, blé tendre et triticale.

Un progrès génétique moyen de 0,5 q/ha/an en blé tendre, orge d'hiver et triticale.

Depuis les années 90, les rendements enregistrés à travers les statistiques officielles stagnent, alors que les analyses réalisées à travers les réseaux d'essais d'évaluation variétale montrent que le progrès génétique est en constante évolution, en moyenne de 0,5 q/ha/an pour le blé tendre, orge d'hiver et triticale. Cet écart entre les rendements observés en France et le progrès génétique est lié en partie à l'effet du changement climatique et des contraintes réglementaires.

Ces évolutions connaissent des disparités entre espèces ainsi le blé tendre, principale céréale cultivée en France, affiche la plus forte dynamique avec 20 à 30 nouvelles variétés chaque année au catalogue français. Depuis 40 ans, le " progrès génétique rendement " en France est de 0,54 q/ha/an (lire tableau). Dans les années 1980, le rendement moyen en blé tendre en France était de 50 q/ha pour atteindre au milieu des années 90, jusqu'à 70 q/ha.

Concernant l'orge d'hiver, le progrès génétique vis-à-vis du rendement est de 0,6 q/ha/an que ce soit pour les orges 6 rangs ou 2 rangs (lire tableau).

Quant au triticale, bien que moins présent dans les assolements, il affiche un progrès génétique encore plus marqué, atteignant 0,8 q/ha/an. L'arrivée de nouvelles variétés sur le marché est fluctuante selon les années entre 2 et 12 variétés.

Blé tendre, des variétés de plus en plus résistantes face aux maladies foliaires

Si le progrès génétique est bien réel du côté du rendement, il l'est également du côté des maladies foliaires. Améliorer la résistance des variétés aux principales maladies est un axe majeur de recherche pour les sélectionneurs, au-delà d'avoir une variété plus résistante, cela permet de réduire les applications fongicides en végétation. À l'échelle de la France entière, la note moyenne de la résistance des variétés de blé tendre vis-à-vis de la septoriose a progressé de 1.1 point en 17 ans (2005-2022).  Cette progression particulièrement visible sur le terrain permet de ne plus recourir à la première application fongicide dans la majorité des situations, attention toutefois, aucune variété n'est aujourd'hui assez résistante pour permettre l'impasse totale de protection fongicide en situation de forte pression. Pour les autres maladies foliaires, vis-à-vis de l'oïdium, la résistance à celle-ci avait bien augmenté avant les années 90, depuis la plupart des variétés conserve un bon niveau. Pour la rouille jaune, cette maladie a été à nouveau un critère de sélection fort avec l'arrivée des nouvelles races Warrior en 2012 en France, qui ont engendré des contournements. Bénéficier de variété tolérante pour maîtriser cette maladie est indispensable de par son caractère explosif dans les parcelles. Aujourd'hui, disposer d'une variété totalement résistante est compliqué, en revanche le comportement moyen des variétés vis-à-vis de la rouille jaune est d'un très bon niveau avec des notes de résistance de l'ordre 6 à 7.

 

Orge : des gènes efficaces pour protéger contre la JNO

Pour les orges d'hiver, au-delà d'améliorer les rendements, la sélection variétale a concentré ses efforts pour améliorer la performance des rendements, et la tolérance vis-à-vis du virus de la JNO, principal bioagresseur.

Ces dernières années, la sélection a permis de voir arriver sur le marché des orges " 2 rangs " et des escourgeons productifs mais aussi tolérants à la jaunisse nanisante de l'orge (JNO).

La jaunisse nanisante de l'orge (JNO) est une maladie causée par le complexe d'espèces virales noté B/CYDV (barley/cereal yellow dwarf virus) chez les orges et d'autres céréales. Ces virus sont transmis aux cultures par la salive de diverses espèces de pucerons lorsqu'ils les piquent à l'automne au stade plantule. En l'absence de traitement insecticide destiné à lutter contre les pucerons-vecteurs, la nuisibilité de la JNO est élevée : de l'ordre de 30 q/ha, avec une forte variabilité selon les années. La recherche de variété tolérante est indispensable d'autant plus que la lutte chimique contre les pucerons repose aujourd'hui uniquement sur une seule famille d'insecticide en végétation, les pyréthrinoïdes, ce qui peut induire à terme des résistances à leur action sur les pucerons.

Ces dernières années, la recherche génétique a donc permis d'identifier plusieurs gènes d'intérêt contre la JNO, des gènes de tolérances (Ryd2 et Ryd3) et de résistance (Ryd4).

Les tests aux champs sur plusieurs années en conditions naturelles ont permis d'étudier les gènes de tolérance Ryd2 et Ryd3. La présence d'un de ces deux gènes dans les variétés permet une bonne protection vis-à-vis de la JNO, cette protection n'est pas totale, on observe une réduction des symptômes et perte de rendement. L'association des deux gènes dans une même variété permet de bénéficier d'une forte protection vis-à-vis de la JNO. Pour aller plus loin, de nouvelles études sont en cours, notamment pour étudier le gène Ryd4.

Triticale : un regain de rusticité après quelques années de turbulences

Conduit de façon similaire au blé, le triticale présente plusieurs avantages en système de polyculture-élevage, avec son potentiel de production en paille supérieur au blé, sa grande plasticité et son pouvoir couvrant élevé. Cependant entre les années 2000 à 2010, il a été malmené avec une sensibilité accrue vis-à-vis des nouvelles souches de rouille jaune mais aussi à l'oïdium, au piétin verse et à la rouille brune. La sélection met donc l'accent sur la résistance du triticale aux maladies fongiques. La hiérarchisation des variétés de référence et récentes en fonction de leurs pertes de rendement en l'absence de traitement fongique l'atteste : la perte moyenne de rendement en absence de traitement fongique pour les variétés récentes est en moyenne de 6 q/ha alors que pour les plus sensibles, elle est de 16 q/ha Source : essais pluriannuels de post-inscription (Arvalis et ses partenaires) et d'inscription (CTPS/GEVES). De faibles pertes de rendement traduisent leur résistance génétique vis-à-vis des maladies foliaires. La plupart des variétés récentes sont devant les références.

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