À Bournainville-Faverolles, le préfet en visite d'exploitation post-moisson.
Une rencontre chez les associés Jonathan et Adeline Lerat, frère et sœur, au cœur d'une exploitation familiale diversifiée pour évoquer les défis sanitaires et réglementaires du secteur.


© JENNIFER AVENEL

© JENNIFER AVENEL
Mercredi 13 août, Charles Giusti, préfet de l'Eure, s'est rendu dans une exploitation agricole située à Bournainville-Faverolles, commune proche de Thiberville. Cette visite chez la famille Lerat a été l'occasion de dresser un bilan post-moisson, tant sur les aspects sanitaires que réglementaires.
Une exploitation familiale transmise et optimisée
Cette ferme transmise par leur père représente une fierté pour Jonathan et Adeline qui, suite à la reprise, ont su se diversifier et optimiser les bâtiments. Cette exploitation frère et sœur associés dispose d'un cheptel laitier de 160 vaches équipé d'un robot de traite. Avec un quota de 1 300 000 litres, le lait est livré à Graindorge, qui représente 170 agriculteurs du Pays d'Auge pour la production de trois fromages normands emblématiques : le Pont-l'Évêque, le Livarot (produit avec le lait des vaches normandes) et le Coulommiers (issu des Prim'Holstein).
L'exploitation compte également 80 broutards sur 260 hectares, témoignant de sa diversification réussie.
Des rendements contrastés après les intempéries
Interrogé sur le déroulement de la moisson, l'exploitant a fait état de résultats mitigés. Si certaines parcelles ont atteint 117 quintaux, d'autres n'ont pas dépassé 70. Les intempéries ont particulièrement impacté une parcelle touchée par la grêle, et les pluies ont fait chuter le poids spécifique du blé de 81 à 71.
Selon Amaury Levesque, président de la FNSEA 27, 80 % des lins eurois ont pu être rentrés malgré les difficultés climatiques.
Dérogation pour le brûlage du lin : en attente de la réponse ministérielle
Madame Hursault, directrice adjointe de la DDTM de l'Eure, a annoncé que la dérogation pour le brûlage du lin a été signée et validée par la DRAAF de Normandie. Cette demande a été transmise au cabinet du ministre et une réponse est attendue dans les prochaines semaines.
Les 276 communes touchées par les événements climatiques du 13 et 25 juin bénéficieront de cette dérogation. Des dérogations individuelles resteront possibles auprès de la DDTM 27 pour les exploitants hors zone sinistrée.
La problématique de la moyenne olympique
Un enjeu majeur préoccupe les agriculteurs : la baisse continue de la moyenne olympique qui ne permet plus d'optimiser le potentiel agronomique des exploitations. Cette situation est aggravée par la diminution de la fertilisation autorisée.
Pour les producteurs de lin, le problème est particulièrement complexe car dans certaines exploitations, le lin n'est vendu que 3 à 4 ans après la récolte, rendant impossible la connaissance du solde et du rendement final avant cette échéance.
Dégrèvements automatiques pour les zones sinistrées
Le préfet a annoncé qu'un dégrèvement automatique de la taxe foncière sera appliqué pour les 276 communes sinistrées : 60 % sur les céréales et 80 % sur les vergers. Les exploitants hors zone pourront faire une demande individuelle s'ils estiment que leur dégrèvement n'est pas à la hauteur des dégâts subis.
La DDTM 27 lancera l'appel ISN début septembre pour un commencement début octobre, permettant aux agriculteurs de remplir leurs demandes. La FNSEA 27 s'engage à tenir informés les adhérents de l'avancement du dossier.
FCO : la Normandie en vigilance, l'Eure face à une reprise épidémique
Été 2025 : résurgence du sérotype 3. La situation a changé au juillet 2025. Quatre foyers confirmés et dix-neuf suspicions ont été enregistrés dans le département. Les animaux touchés présentent surtout une fièvre élevée, une baisse de production laitière et, plus rarement, des avortements. Chez les troupeaux vaccinés, la maladie reste généralement moins sévère et de plus courte durée, confirmant l'intérêt d'une protection vaccinale, même imparfaite.
L'épineux dossier des néonicotinoïdes
La censure de l'article 2 de la proposition de loi sur les néonicotinoïdes inquiète particulièrement les filières spécialisées du département. Les producteurs de noisettes sous contrat Ferrero, les betteraviers et les arboriculteurs font face à une forte pression des pucerons cette année. Malgré plusieurs traitements, la résilience insecticide reste faible.
Cette situation met également en péril la filière animale, car la baisse prévisible des surfaces de betteraves impactera la production de luzerne et de pulpe de betterave. Il faut rappeler qu'une sucrerie locale emploie de nombreux salariés.
Le préfet a néanmoins laissé un message d'espoir en précisant que "nous ne sommes pas au bout du chemin concernant cette réutilisation".