L'implantation du lin de printemps, l'étape clé.
Choisir sa parcelle
Le lin est sensible au stress hydrique dès le début floraison qui a lieu courant juin, il faut donc éviter les sols séchants et superficiels pour implanter le lin de printemps. Les parcelles se réchauffant vite au printemps seront également à privilégier pour permettre des levées rapides. Enfin, le lin est une culture peu couvrante et sensible à la concurrence des adventices et disposant de peu de solutions chimiques pour le désherbage. Il est fortement conseillé de l'implanter sur une parcelle à très faible enherbement. Dans les régions concernées, les parcelles infestées en orobanche rameuse peuvent être implantées en lin de printemps. Le lin de printemps est une espèce faux hôtes de l'orobanche rameuse : elle stimule la germination des graines d'orobanches, mais celles-ci ne peuvent se fixer aux racines du lin et dépérissent rapidement.
Apporter un soin particulier à la préparation du lit de semences
L'objectif est d'obtenir une bonne structure de sol en profondeur pour assurer un enracinement optimal. Le lin oléagineux de printemps est une plante assez exigeante en eau au cours de la floraison, il est important que la culture puisse exploiter au mieux la réserve hydrique du sol (ses racines peuvent explorer plus de 90 cm de profondeur).
Une levée rapide et homogène du lin sera facilitée par une structure superficielle, fine et aplanie, si possible rappuyée pour optimiser le contact sol-graine (rester vigilant face aux phénomènes de battance qui peuvent pénaliser la levée). Il est également conseillé d'éviter au maximum les amas de débris végétaux (veiller à la bonne destruction des couverts végétaux et à la bonne répartition des résidus avant le semis du lin).
Date de semis
Les dates de semis optimales pour le lin de printemps sont à adapter à la zone géographique. Attention aux décalages de dates de semis trop importants par rapport aux dates optimales : les semis les plus tardifs seront potentiellement plus sensibles aux conditions de sec de l'été. Les stress hydriques et thermiques pendant la floraison peuvent directement impacter le potentiel de rendement. En agriculture biologique, retarder le semis (fin mars à mi-avril) pour que le sol soit suffisamment réchauffé. Une levée rapide de la culture permettra de limiter les dégâts d'altises.
Maîtriser la densité, la profondeur et la vitesse de semis
Semer 650 à 800 graines par m² (selon pertes estimées à la levée) au semoir à céréales pour obtenir un peuplement de 450 à 550 plantes par m². Dans les secteurs où la reprise est plus tardive au printemps (type Lorraine, Bourgogne), il est souvent conseillé de semer à 750-800 graines par m². Les graines de lin sont fluides : contrôler la densité du semis car le Poids de Mille Grains peut varier de 5 à 8 g selon les variétés. En agriculture biologique, il est conseillé de semer entre 75 et 80 kg/ha pour une meilleure couverture du sol et anticiper les pertes liées au désherbage mécanique.
Calculer la densité de semis (en kg/ha) selon le PMG du lin de printemps (se référer au tableau ci-contre).
Semer à 1-2 cm de profondeur, au semoir à céréales. Une vitesse de semis réduite favorise la bonne répartition des graines sur la ligne de semis. En cas de faible densité, le lin est capable de compenser en émettant des tiges supplémentaires. Cependant, le lin de printemps ramifie moins que le lin d'hiver (0 à 1 ramification en moyenne par plante). Avec 300 plantes par m², correctement réparties, le potentiel de la culture est affecté mais la parcelle peut généralement être conservée si les adventices sont maîtrisées.
Fertilisation azotée
Le lin n'est pas une culture exigeante en azote et supporte mal les surplus d'azote. L'excès d'azote augmente le risque de verse et peut altérer la qualité finale de la récolte en impactant les teneurs en oméga 3 de la graine. Il est donc fortement conseillé de réaliser une analyse de reliquats d'azote avant lin de printemps et de prendre en compte l'azote que pourra restituer le couvert intermédiaire pour calculer la dose d'azote prévisionnelle. Il est recommandé d'apporter la dose d'azote au semis en incorporé.
Si la dose à apporter est supérieure à 80 unités, fractionner en deux l'apport pour limiter le risque verse : 30 à 50 unités au semis et le complément, sous forme solide, à l'apparition des boutons floraux.
Si la parcelle reçoit régulièrement des apports de matière organique, réduire la dose d'azote à apporter d'environ 30 à 40 U (selon types d'effluents et l'historique d'apports sur la parcelle). Se référer aux règles de calcul des doses d'azote à apporter dans vos régions.
Fertilisation en Zinc
Le lin exporte beaucoup de zinc, de l'ordre de 300 g/ha d'élément pur. Le calcaire actif bloquant le zinc, éviter de réaliser un chaulage avant une culture de lin. Le lin de printemps est plus sensible aux carences en zinc que le lin d'hiver.
Cas général : l'enrobage des semences avec du zinc est suffisant, mais en l'absence d'enrobage, procéder à l'application de sulfate ou du chélate de zinc (volume de bouillie conseillée = 400 l/ha) au stade cotylédons-premières feuilles apparentes (= 2 cm).
Dans les situations à risque de carence (sols superficiels argilo-calcaires, sols sableux, pH supérieur à 7,5, apports de chaux et de résidus d'origine agro-industrielle) : opter pour des semences enrobées et prévoir l'application de sulfate de zinc ou du chélate de zinc (forme plus sélective en conditions gélives ou en présence de morsures d'altises) au stade cotylédons-premières feuilles apparentes (volume de bouillie conseillée = 400 l/ha).
Ne pas faire d'applications en cas de risque de gelées nocturnes.