De futurs agriculteurs sur les traces de la déportation.
Susciter la réflexion et entretenir la mémoire du génocide de près de six millions de juifs. Tel était le but de ce voyage organisé mardi 23 et mercredi 24 janvier par la Région Normandie à destination de 150 élèves normands. Parmi eux, treize étudiants du CFA agricole du Neubourg, dans l’Eure.
Susciter la réflexion et entretenir la mémoire du génocide de près de six millions de juifs. Tel était le but de ce voyage organisé mardi 23 et mercredi 24 janvier par la Région Normandie à destination de 150 élèves normands. Parmi eux, treize étudiants du CFA agricole du Neubourg, dans l’Eure.
« Toutes les fermes alentour ont été détruites pour remodeler la ville et la paysannerie locale à leur image. »
Le bus, affrété spécialement pour les élèves normands, se dirige vers le plus grand camp de concentration et d’extermination d’Europe, Auschwitz-Birkenau. A son bord, Alexandre Doulut, historien chercheur, dresse le tableau aux futurs jeunes agriculteurs eurois. Ils sont treize étudiants du monde agricole à participer au voyage organisé par la Région Normandie.
PAS DE LIEN
« Vous resterez plus de temps que 75 % des juifs arrivés ici », insiste Alexandre Doulut, arrêté devant l’un des quais de déchargement. Là, commence la visite, quatre-vingts-ans après. Le vent glace les visiteurs pourtant emmitouflés. Alors, comment imaginer les conditions de l’époque. Ils progressent près des rails, à la découverte des chambres à gaz et des centaines de baraquements en bois. Pour certains, il est compliqué de réaliser l’ampleur du crime, « même en étant sur place », confient plusieurs élèves du CFA du Neubourg. « Nous n’avons pas de liens familiaux avec cette période. Nos grands-parents n’ont pas vu la guerre. J’ai connu mes arrière-grands-parents, mais ils n’en parlaient pas du tout », partage Clément.
LE VOIR POUR LE CROIRE
Certains décrochent après quatre heures de visite sur le camp et s’impatientent. D’autres se passionnent, posent des questions, se troublent, mais s’intéressent et font du lien avec l’actualité. « Les élèves du CFA n’ont que 30 heures d’histoire par an. C’est peu comparé aux élèves de terminale générale, précise Annie Lefrançois, animatrice du centre de ressources. Nous avons postulé à ce projet pour rattacher l’histoire à la terre qu’ils connaissent et pouvoir mettre en valeur la mixité de l’enseignement. C’est aussi, pour eux, l’occasion de voyager », et de sortir, pour la première fois, du territoire français. Peut-être que la seconde partie de la visite, « plus concrète », selon plusieurs élèves, saura aviver l’intérêt de quelques-uns. Ce qu’il reste des victimes : deux tonnes de cheveux, 80 000 chaussures, des valises, des montures de lunettes, des ustensiles de cuisine. Pour le coup, c’est palpable et « c’est dur, ça prend aux tripes », partage l’un des étudiants.
UN PROJET
Ces deux jours de visite permettront aux élèves de travailler sur leur projet éducatif. Ils s’intéressent au parcours de Berthe Yvonne Bonn, institutrice du Neubourg, décédée à Auschwitz en 1943 et Hélène Prunier, résistante, membre du réseau Hector de Caen. Leurs travaux seront présentés le 4 juin 2024, à Caen, dans le cadre de la séquence éducation jeunesse des commémorations du débarquement en Normandie.