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Quels vétérinaires pour quels élevages ?

Le 4 novembre, l’Académie vétérinaire de France (AVF) organisait, à Paris, une journée complète consacrée au thème « Quel élevage pour demain ? Quel vétérinaire pour cet élevage ? Les vétérinaires face aux défis de l’élevage ? ». Les vétérinaires doivent aussi s’adapter à leur environnement global.

Les vétérinaires s’inquiètent de l’augmentation du niveau scolaire et technique des agriculteurs qui, maîtrisant bien la conduite de leur élevage, font parfois moins appel à eux, le vétérinaire étant un ultime recours.
Les vétérinaires s’inquiètent de l’augmentation du niveau scolaire et technique des agriculteurs qui, maîtrisant bien la conduite de leur élevage, font parfois moins appel à eux, le vétérinaire étant un ultime recours.
© ISTOCK-TOMASI

Partenaires des agriculteurs, les vétérinaires d’animaux dits de rente sont à peine plus de 3 000 à exercer dans les campagnes. En effet, aujourd’hui 85 % des presque 20 000 vétérinaires de France exercent en ville (lire encadré) au profit quasi essentiel des animaux domestiques. C’est d’ailleurs « vers la faune sauvage et les chevaux » que les rêves des apprentis vétérinaires s’expriment le plus, a constaté Christine Fourichon, professeur en production animale à l’École vétérinaire de Nantes. Mais tous ne le devenant pas, il faut convaincre les « recalés » de s’orienter vers d’autres secteurs, en particulier l’élevage. L’enseignement dispensé par les différentes écoles s’adapte aux réalités du temps présent : médecine vétérinaire, robotique, juridique, etc. « Il doit devenir un expert de l’animal, le conseiller de l’éleveur, mais aussi l’acteur des filières d’élevage », a-t-elle ajouté. Il est vrai que le métier a beaucoup évolué depuis un demi-siècle, que le monde agricole s’est transformé et que les élèves vétérinaires ont un profil différent des années 1950 ou 1980 : « les étudiants vétérinaires ont très majoritairement (75 % à 80 %) un profil féminin et urbain. 90 % de mes étudiants en première année n’ont jamais mis les pieds dans un élevage », a mentionné Christine Fourichon. Manier une vache pour un vêlage ou un soin n’est pas inné.

 

Démédication

D’une manière globale, les vétérinaires s’inquiètent de l’augmentation du niveau scolaire et technique des agriculteurs qui, maîtrisant bien la conduite de leur élevage, font parfois moins appel à eux, le vétérinaire étant un ultime recours. Certains produits naturels en marché libre se révèlent tout aussi efficaces que les médicaments prescrits par les vétérinaires. « Les éleveurs ont tendance à être autonomes. Je les appelle les éleveurs-infirmiers », a dit Jean-Marc Héliez, docteur vétérinaire et consultant en production laitière. Jocelyn Marguerie, vétérinaire-conseil en filière aviaire, constate lui aussi un mouvement de démédication, c’est-à-dire la réduction de l’usage de produits médicamenteux.

Moins utile ? Les vétérinaires ont le sentiment de l’être, même si les éleveurs jugent leur rôle très important notamment en termes de prophylaxie et de veille épidémiologique. Ils complètent cependant leurs compétences par des activités de conseil. Les vétérinaires sont notamment formés à l’économie de l’exploitation, « car il faut élargir le champ d’expertise à la conduite d’élevage au sens large », a insisté Jean-Marc Héliez. Diversité des systèmes de production, marges et résultats, impact économique des maladies, appréciation de la rentabilité d’une intervention font désormais partie du pack de compétences élémentaires de tout bon vétérinaire, selon Christine Fourichon.

 

« Lilliputiens »

Ils se révèlent aussi importants en termes de bien-être animal, un thème revenu à de nombreuses reprises au cours des débats. Beaucoup préfèrent utiliser le terme de « bientraitance ». Surtout, à ces deux termes, est associée l’idée tenace que les animaux doivent être obligatoirement élevés en plein air. Or la réalité est plus complexe, notamment pour les volailles et les lapins. Ainsi Bertrand Ridremont, docteur vétérinaire, consultant en santé et nutrition animale a-t-il soupesé les avantages et inconvénients du logement alternatif des lapins. Certes les lapins auront plus de place, plus de confort et satisferont leur besoin de ronger, mais ils seront aussi plus agressifs (surtout les femelles), multiplieront les problèmes sanitaires. Ils seront également plus exposés au stress et aux prédateurs (si le parcours est en extérieur…). Mais la « pression sociétale fera que les éleveurs devront évoluer vers ces modes d’élevage alternatifs », a-t-il ajouté. Mais en cas de pandémie, comme la « peste aviaire » selon l’expression de Jeanne Brugère-Picoux, professeure honoraire de l’École nationale vétérinaire d’Alfort, le confinement devient une nécessité. Les vétérinaires, à l’image de nombreuses professions, ont la nécessité de s’adapter aux réalités et anticiper, en particulier sur la croissance des tailles d’élevage. « Mais en France, on reste des lilliputiens au regard de nos concurrents étrangers », a souligné Christiane Lambert expliquant que son exploitation de 106 ha et de 235 truies était loin de rivaliser avec ceux de 12 000 truies en Espagne ou de 24 000 en République tchèque. En France, il n’existe qu’environ une centaine de vétérinaires spécialisés en production porcine. Ils ne sont qu’une vingtaine « avec une activité significative en cuniculture ».

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