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Protection des zones humides : pas de vaches, pas de tourbières.

Dans les zones humides, si l’élevage disparait, c’est la forêt qui va prendre le dessus et pomper beaucoup d’eau avec pour conséquence de les dessécher. Un risque pour les tourbières françaises (0,2 % du territoire national) où tout un écosystème est menacé. Alors ? « Il faut y maintenir une activité agricole économiquement viable », prône Gilles Lievens, président de la Chambre d’agriculture de l’Eure.

© TG

Panorama de la vallée de Bouquelon et du phare de la pointe de La Roque, réserve naturelle des Mannevilles, vannage de décharge, site de la Grand’Mare (...), Simon Babre (préfet de l’Eure), le 1er février dans le cadre de la journée mondiale des zones humides, a chaussé les bottes pour une immersion en lieux sensibles à préserver. Il était accompagné de Pascal Sanjuan (préfet délégué interministériel à la Vallée de Seine), mais également de la biodiversité des acteurs gestionnaires de ces territoires. Parmi eux, Gilles Lievens au nom des agriculteurs et Dominique Monfilliatre en celui des chasseurs. Une biodiversité intellectuelle dont il faut concilier les points de vue pour porter un projet collectif.

 

AGRICULTEURS ACTEURS ET CONTRIBUTEURS

Avec les marais du Cotentin et du Bessin et la baie du Mont-Saint-Michel, le Marais Vernier et la Risle maritime a accroché en 2015 le wagon RAMSAR. Une labellisation qui acte la reconnaissance de plusieurs décennies d’actions engagées par les partenaires du territoire pour une gestion durable de cette zone humide d’une qualité exceptionnelle. La convention RAMSAR, dont l’objet est la sauvegarde de ce particularisme sur toute la planète, a été ratifiée par 170 pays. Chambre d’agriculture et FDC 27 (Fédération Départementale des Chasseurs), façon colibri, ont apporté à leur manière leur goutte d’eau à cet enjeu mondial. Sur les 9 500 ha totaux du Marais Vernier, dont 3 000 ha appartiennent au Conservatoire du Littoral, on dénombre une petite trentaine d’exploitations les pieds dans l’eau. « Le rôle de l’agriculture est indispensable pour préserver les zones humides. L’enjeu est de conserver un milieu ouvert par les prairies. Pour cela, il faut y maintenir l’élevage, mais un élevage rentable », prône Gilles Lievens. Les contraintes d’élevage y sont fortes. Les remorques de foin doivent, parfois même au cœur de l’été, être chargées sur les chemins d’accès pour éviter l’enlisement. En hiver, il faut disposer de points hauts pour accueillir les animaux. « Dans ces conditions, la concertation entre tous les acteurs doit être constructive pour établir un cahier des charges soutenable, lâche le président de la Chambre départementale d’agriculture. Autre élément capital, les MAE (Mesure Agri Environnementale) : « sans ces aides, ça ne fonctionne pas ».

 

LES CHASSEURS ITOU

A la Grand’Mare, réserve naturelle de chasse et de faune sauvage propriété depuis 1956 de l’OFB (Office Français de la Biodiversité), mais gérée par la FDC 27, on a stoppé l’hémorragie hydraulique en restaurant la profondeur de l’étang qui a son paroxysme, n’était plus que de 5 cm. « Les carpes avaient le ventre dans la vase », se souvient Nicolas Gavard-Gongallud, directeur de la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Eure. 275 000 m3 de vase ont été retirés au bénéfice de terres agricoles. Un contrat gagnant/gagnant agriculteurs - chasseurs - jouisseurs d’espaces naturels. On peut y admirer aujourd’hui, d’un point de vigie spécialement aménagé, canards colvert, chipeau, pilet, souchet, siffleur, fuligules morillon, bécasses des marais, cygnes tuberculés... « Les chasseurs entretiennent ces territoires. La chasse contribue à ce qu’est le Marais Vernier », rebondit Dominique Monfilliatre. Pan sur le bec des anti-tout.

 

PIEGE A CO2

Dans un contexte de réchauffement climatique, les enjeux de préservation des zones humides sont multiples. Si celui de la sauvegarde de la biodiversité, tant animale que végétale, est bien assimilé par le grand public, d’autres le sont moins comme la fonctionnalité par exemple des tourbières capables de stocker en CO2 l’équivalent des émissions du parc automobile régional.

Moins bien, le risque d’incendies incontrôlables de tourbières sèches comme on a pu l’observer cet été dans la forêt des Landes ou les années précédentes en Russie.

En conclusion, il faut mettre en place aujourd’hui les outils antisèche des zones humides, mais également ceux de la préservation de l’élevage pour éviter la déprise agricole. Un élevage composite : du Highland certes dans la réserve naturelle des Mannevilles, mais aussi du Charolais et autres Limousines qui nourrit celui qui les produits tout autant que ceux qui les consomment.

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