Aller au contenu principal

Prix abusifs : mettre les coopératives dans le rang.

À l’instar de ce qui est prévu pour les entreprises privées, le gouvernement prévoit de sanctionner les coopératives en cas de rémunération « abusivement basse » d’un agriculteur. Coop de France crie au « démantèlement programmé » du secteur. Le projet d’ordonnance est en revanche jugé plutôt positivement du côté de la FNPL.

A travers le contrat
coopératif, l ’agriculteur a l’assurance de trouver un
débouché, assure Coop de France.
A travers le contrat
coopératif, l ’agriculteur a l’assurance de trouver un
débouché, assure Coop de France.
© ©DR
Pour le mouvement coopératif, c’est un mauvais rêve qui est en passe de devenir réalité. Coop de France avait mis en garde, le 19 décembre lors de son congrès, contre un « possible détricotage du statut coopératif » par la loi issue des Etats généraux de l’Alimentation, adoptée à l’automne, et dont émaneront de nombreuses ordonnances en cours de discussion. La fermeté ce jour-là du ministre de l’Agriculture était de mauvais augure : Didier Guillaume avait émis l’idée « que les associés coopérateurs, comme l’ensemble des producteurs, pourront bénéficier de ce dispositif » sur les prix abusivement bas. Cette mesure, qui doit être renforcée par une ordonnance en cours d’élaboration, ne concerne aujourd’hui que les relations qu’entretient un agriculteur avec une entreprise privée, pas avec sa coopérative. Or, la coopération représente une marque alimentaire sur trois, et trois agriculteurs sur quatre livrent au moins une partie de leur production à une coopérative.
UNE AMENDE JUSQU’À 5 % DU CHIFFRE D’AFFAIRES
Un mois après, le projet d’ordonnance concernant les coopératives confirme les craintes de Coop de France. Cette nouvelle mouture, dont les organisations agricoles ont eu connaissance le 18 janvier, représente « une atteinte extrêmement grave au contrat coopératif », proteste Coop de France. En sanctionnant la « rémunération des apports abusivement basse », le texte assimile la relation entre l’adhérent et sa coopérative à une relation commerciale ordinaire, selon la fédération. L’amende prévue est jugée « délirante » par Coop de France : son montant « ne peut être supérieur à 5 millions d’euros » mais peut être porté à « 5 % du chiffre d’affaires hors taxes réalisé en France », d’après la proposition dont Agra Presse s’est procuré une copie. « La coopérative n’est pas prise en compte dans sa spécificité juridique et économique », considère la déléguée générale Valérie Ohannessian, jugeant le texte « destructeur du contrat coopératif » et « destructeur de la coopération dans son rôle économique et social au sein des territoires ». Coop de France conteste aussi le dessaisissement du médiateur de la coopération, au profit du médiateur des relations commerciales, en ce qui concerne les litiges relatifs aux dispositions du contrat d’apport et aux indemnités financières à la suite du départd’un associé avant la fin de la périoded’engagement. « Plaquer la notion de prixabusivement bas au contrat d’apport coopératifou dessaisir le médiateur de la coopération auprofit du médiateur des relations commercialesest une aberration qui rompt l’équilibre dela relation entre l’associé coopérateur et sacoopérative », dénonce la fédération dans uncommuniqué. Coop de France rappelle qu’àtravers le contrat coopératif, l’agriculteur al’assurance de trouver un débouché poursa production. Et le président DominiqueChargé de défendre, via le communiqué,ces « sociétés de personnes fonctionnant demanière solidaire et démocratique, fondéessur une recherche de compétitivité qui intègreplus que la seule recherche du profit ».

« IL N’Y A PAS DE RAISONQUE LA COOPÉRATIVE ÉCHAPPEAUX EGALIM »
« Il ne faut pas que le conseil d’administration phagocyte la discussion au sein des coopératives», défendait pour sa part Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des éleveurs laitiers (FNPL), le 23 janvier lors de ses voeux à la presse. Le syndicat voit plutôt d’un bon oeil l’initiative du gouvernement : « À l’heure actuelle, le contenu de l’ordonnance [relative aux coopératives] est plutôt bien, estime André Bonnard, secrétaire général de la FNPL. Car il n’y a pas de raison que la coopérative échappe à tout le travail effectué lors des États généraux de l’alimentation. » Aussi, il demande l’inscription, dans le règlement intérieur des coopératives, d’un calcul théorique du prix du lait en fonction du mix produit de l’entreprise et des indicateurs de coûts de production. Les coopératives devront ensuite justifier l’écartentre ce prix et la rémunération effective des sociétaires. « Cela permettra d’évaluer la performance des coopératives. » Plus largement, le syndicat va se pencher sur le dossier des coopératives agricoles avec trois enjeux en vue : la rémunération des sociétaires, la performance des coopératives et leur gouvernance.
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Eure Agricole.

Les plus lus

Jean Puech d'Alissac.
"JA 76 aura le plaisir d'accueillir les Terres de Jim en 2025

JA 76 a remporté il y a quelques semaines l'organisation des Terres de Jim 2025. Jean Puech revient sur la candidature du…

Témoignage de Christophe Gachet, Heizomat, sur les spécificités des chaudières polycombustibles, capable d'accueillir du miscanthus.
Miscanthus : une solution pour les agriculteurs et les collectivités ?
Utiliser directement une production locale de miscanthus pour chauffer des équipements communaux, c'est possible ! Le 29…
Six installations plutôt qu’un (des) agrandissement(s).

Safer et JA Normandie ont réuni, samedi dernier à Petit-Caux près de Dieppe (76), les acteurs d’une opération foncière inédite…

La section en plein débat.
Section lait FNSEA 27.
Le 22 mars, Benoit Gavelle réunissait les producteurs de lait. Acquis syndicaux, conjoncture, prix du lait en débat. 
Mathieu Poirier et Béatrice Hoogterp (à droite) de l'antenne de Bernay de la Chambre d'agriculture ont animé les débats.
Les GDFA phosphorent pour une agriculture ambitieuse.
Pour la première fois, les 3 GDFA (Groupes de Développement Féminins Agricoles) de l'Eure (Avre & Iton, Pays d'Ouche et…
Terre de Lin accueille le président Morin.

Hervé Morin a découvert les nombreux domaines d’activité de la coopérative Terre de Lin et sa volonté de soutenir la filière…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 175€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site l'Eure Agricole
Consultez le journal l'Eure Agricole au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal de l'Eure Agricole