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Les trois défis de l'agriculture.

En clôture du 75e congrès de la FNSEA, sa présidente, Christiane Lambert a précisé aux 1 200 délégués présents et au ministre de l'Agriculture les trois défis auxquels l'agriculture est désormais confrontée. Une vision que partage en grande partie ce dernier.

La délégation de l’Eure présente au congrès FNSEA, au côté de Christiane Lambert, présidente.
La délégation de l’Eure présente au congrès FNSEA, au côté de Christiane Lambert, présidente.
© DR.

« Nous refusons la fatalité du déclin », a harangué Christiane Lambert, présidente de la FNSEA dans son discours final du 75e congrès de la FNSEA qui s'est tenu à Niort du 21 au 23 septembre. Déterminée à ce que le serment de l'Unité paysanne, lancé en mars 1946 par Eugène Forget, continue à vivre à travers le projet #FNSEA2025, elle s'est élevée contre le « diktat des prix bas (qui) conduira inexorablement à la fragilisation des exploitations agricoles et des outils de transformation ». Dans ce contexte, le premier défi à relever est celui de la souveraineté alimentaire et « sans volonté politique forte » sur ce dossier, « la voie de la décroissance est tracée. Et je vous le dis tout net, Monsieur le ministre : la décroissance verte, c'est pour nous une ligne rouge », a-t-elle martelé. Bien décidée à mettre un coup d'arrêt aux importations distorses, elle s'en est pris au Green Deal de la Commission européenne, ironisant sur les « stratèges » européens qui sont arrivés, après les Américains, aux mêmes conclusions qu'eux. Le Green Deal réduirait ses productions de 10 à 15 %. L'Europe importerait davantage, les revenus agricoles s'effondreraient et, « comble de l'ironie, l'accroissement des importations anéantirait la moitié des efforts de réduction de gaz à effet de serre », a-t-elle persiflé.

 

Réformer la retraite agricole

Deuxième défi à relever : celui de la démographie et de son pendant, l'attractivité du métier. « Ça commence par la rémunération », a affirmé la présidente de la FNSEA, agacée que le Gouvernement ait perdu quatre années à prendre en compte  les revendications du syndicat que l'on retrouve maintenant dans la proposition de loi du député Grégory Besson-Moreau (LREM, Marne) appelée Egalim 2. Attentive sur les négociations commerciales sur lesquelles elle sent déjà des « tensions », Christiane Lambert a donné quitus au ministre et au Gouvernement d'avoir permis de porter les retraites des agriculteurs à 85 % du Smic. Si les agriculteurs ont une retraite calculée sur une carrière pleine, d'autres catégories l'ont sur les 25 meilleures années ou sur les 6 derniers mois. « Si personne ne veut de la réforme globale, vous n'avez qu'à réformer la retraite agricole », a glissé la présidente de la FNSEA.

 

« Illuminés obscurantistes »

Le troisième défi que la FNSEA tient à relever est celui de la transition écologique. Sur ce thème, « l'agriculture est engagée dans un virage aussi important que celui des années 60 ». Mais Christiane Lambert ne souhaite aucune méprise, assurée que l'agriculture victime du dérèglement climatique est aussi la solution. « N'en déplaise à ceux qui nous accusent à longueur de journée de salir la planète et d'être les coupables perpétuels de la crise climatique ! Ils nous salissent, ils salissent nos efforts, ils salissent l'espoir que nous cultivons au quotidien... Au pays des Lumières, que d'illuminés et d'obscurantistes, occupent les plateaux télé, experts en tout, spécialistes en rien, et conduisent à un scepticisme généralisé bien français sur les sciences et les innovations », a-t-elle lâché.

 

« Pas d'agriculture sans eau »

Dans un discours applaudi, le ministre de l'Agriculture lui a répondu « partager les valeurs » auxquelles la FNSEA est attachée et qu'Arnaud Rousseau, premier vice-président, avait détaillées auparavant (lire encadré). Julien Denormandie a donné le sentiment d'être lui-même assez dubitatif sur les objectifs du Green Deal, « Farm to Fork » et « Biodiversité 2030 ». Il a concédé que les pistes dégagées par Bruxelles pour améliorer la qualité de l'alimentation européenne « risquent d'aboutir à un non-sens en termes de souveraineté et un non-sens environnemental ». « Si une transition consiste à dire « Je fais la transition chez moi »,mais de l'autre côté j'importe ce que je ne fais plus chez moi (...) ça revient à dire loin des yeux loin de ma conscience environnementale, c'est hypocrite », a-t-il ajouté. De même, sur le sujet de la gestion de l'eau, Julien Denormandie a déclaré que les retenues d'eau « ont une utilité et donc il faut qu'elles se fassent ». Plus encore quand une décision de justice les autorise, a-t-il ajouté, faisant allusion à une manifestation d'opposants aux « méga-bassines », le 22 septembre à Niort et à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres). « Il n'y aura pas d'agriculture sans eau. Il faut que la raison l'emporte », a-t-il tranché.

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