Aller au contenu principal

La culture du chanvre, ça se corse à la récolte.

Jérôme Mottey cultive du chanvre depuis dix ans, à Bissey (61). Il livre graine et paille à Agrochanvre, dans la Manche. La récolte, en septembre, exige disponibilité et organisation.

Jérôme Mottey s’est fait contrôler par les douanes « plusieurs fois. Elles envoient même un drone pour vérifier le milieu des parcelles ».
Jérôme Mottey s’est fait contrôler par les douanes « plusieurs fois. Elles envoient même un drone pour vérifier le milieu des parcelles ».
© DR.

Jérôme Mottey n’est pas ce qu’on appelle un écolo dans l’âme. Mais plutôt un homme à l’écoute de son environnement. Le cultivateur est installé en conventionnel dans l’exploitation familiale à Bissey. Le chanvre, il l’a découvert quand il a refait sa maison. « Je ne voulais pas de plaque de plâtre ni de laine de verre, par respect pour les pierres, pour qu’elles puissent respirer », retrace-t-il. Nous sommes alors en 2009, il se renseigne sur internet et s’intéresse au mélange chaux chanvre. Il se rapproche d’Agrochanvre, une entreprise spécialisée dans la transformation de paille de chanvre, dans la Manche. Il se penche sur la culture, qui est une tête de rotation. En 2011, il sème entre 4 et 5 ha.

 

Une fenêtre météo de 10 jours

« Je voulais produire des betteraves sucrières à l’époque. J’avais besoin de restructurer mes sols », glisse-t-il, sachant aujourd’hui ce qu’est devenue la sucrerie de Cagny. Mais qu’importe. Il y a dix ans, Jérôme Mottey s’engage avec Agrochanvre pour vendre graine et paille. Il sème début mai, « avec un semoir à céréales classique. Surtout, il faut un sol chaud, fin et bien rappuyé. La graine doit sortir en trois quatre jours pour étouffer les adventices et non l’inverse. Pour la suite, j’apporte un peu d’engrais de fond et 80 unités d’azote ». Arrive la récolte, en septembre, entre le blé et le tournesol. Et c’est là que ça se corse. La graine se bat à 20 % d’humidité. Jérôme Mottey fait appel à une ETA. « L’entreprise vient avec une moissonneuse qui coupe les têtes et 50 cm de la tige. La barre de coupe monte jusqu’à 2,5 m, le batteur tourne lentement pour ne pas s’enrouler. » La graine, une fois récoltée, « doit être séchée dans les deux ou trois heures qui suivent, pour qu’elle garde sa richesse en Oméga 6 ». Depuis plusieurs années, Jérôme Mottey travaille avec le séchoir d’un négoce local. « Mais en septembre, je moissonne à 15 h. Le silo ferme à 18 h, ça ne me laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. » La graine séchée revient à la ferme, passe dans le trieur. « Je remets tout en big bag et j’envoie un échantillon à Agrochanvre. » Jérôme sait alors si la graine est classée en alimentation humaine (1 000 euros/t) ou pour les oiseaux (650 euros/t). Dans le même pas de temps, il faut s’occuper de la paille. « Je fauche directement après la moisson, à 7-8 cm du sol. » Entendre, gare aux cailloux qui peuvent déclasser la paille. « Je compte deux trois jours avant de retourner une première fois, puis deux trois jours pour faire un nouvel andain. Il ne faut pas que la fibre soit noire ni verte, mais jaune. Et je bottelle à 19 % d’humidité. Quand je récolte le chanvre, il me faut une fenêtre météo de dix jours. »

 

Investir à plusieurs

Pour le séchage, Jérôme Mottey a une nouvelle piste : un séchoir à plat chez un agriculteur, alimenté par un méthaniseur. « Je pourrai y aller dans la soirée sans souci. Sinon, il faut s’équiper d’une remorque ventilée. » Pour le chanvre, il a investi dans un trieur et une faucheuse. Les balles de chanvre sont stockées sur des palettes, posées sur du béton. « Surtout, bien les mettre sur les palettes, car le chanvre pompe l’humidité. » Jusqu’à récemment, il avait trois ans de stock. « Tout est parti d’un coup. » Il signe là aussi un contrat avec Agriochanvre, pour l’année, à 135 euros/t. Reste que le post-récolte n’est pas si simple à gérer. « En passant avec la moissonneuse, on écrase les fibres, qui restent à terre. Impossible de passer un outil avec rouleau ou herse rotative, regrette-t-il. Ça s’enroule partout. » Obligé donc de passer la charrue. « C’est vraiment dommage. » Et de souffler l’idée d’autre matériel qui simplifierait la tâche : un déflecteur de tiges devant les roues de la moissonneuse. « Je crois dans la culture. J’aime que ce soit une plante qui sorte de l’ordinaire, la meilleure qu’il soit pour structurer le sol. Et si elle se développe, on pourrait s’équiper à plusieurs. »

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Eure Agricole.

Les plus lus

Jean Puech d'Alissac.
"JA 76 aura le plaisir d'accueillir les Terres de Jim en 2025

JA 76 a remporté il y a quelques semaines l'organisation des Terres de Jim 2025. Jean Puech revient sur la candidature du…

Six installations plutôt qu’un (des) agrandissement(s).

Safer et JA Normandie ont réuni, samedi dernier à Petit-Caux près de Dieppe (76), les acteurs d’une opération foncière inédite…

La section en plein débat.
Section lait FNSEA 27.
Le 22 mars, Benoit Gavelle réunissait les producteurs de lait. Acquis syndicaux, conjoncture, prix du lait en débat. 
Mathieu Poirier et Béatrice Hoogterp (à droite) de l'antenne de Bernay de la Chambre d'agriculture ont animé les débats.
Les GDFA phosphorent pour une agriculture ambitieuse.
Pour la première fois, les 3 GDFA (Groupes de Développement Féminins Agricoles) de l'Eure (Avre & Iton, Pays d'Ouche et…
Terre de Lin accueille le président Morin.

Hervé Morin a découvert les nombreux domaines d’activité de la coopérative Terre de Lin et sa volonté de soutenir la filière…

Gestion des aides : calendrier administratif.
PAC 2024 : deuxième année d'application de la nouvelle PAC.
Continuité de 2023, avec des dérogations sur la conditionnalité des aides.
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 175€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site l'Eure Agricole
Consultez le journal l'Eure Agricole au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal de l'Eure Agricole