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JACQUELINE COTTIER, présidente de la Commission nationale des agricultrices de la FNSEA

« Les femmes sont une richesse pour l’agriculture. »

© FNSEA

A l’occasion de la journée de la Femme qui se déroule chaque année le 8 mars, Jacqueline Cottier, présidente de la Commission nationale des agricultrices, revient sur la tardive reconnaissance du statut des femmes dans un milieu resté très masculin, et insiste sur la nécessité de poursuivre leurs efforts pour assurer le renouvellement des générations.

 

Que représente la journée du 8 mars pour les agricultrices ?

Cette journée doit être, pour la Commission nationale des agricultrices (CNA), l’occasion de mettre en lumière les agricultrices qui sont des femmes comme les autres. Ce 8 mars doit faire comprendre à toutes et à tous que nous avons su, à travers les âges, nous rendre indispensables à la société française. D’ailleurs, le documentaire “Nous paysans”, montre à quel point les femmes, lors du dernier siècle, ont tenu le pays. Sur les huit millions de Français mobilisés, il y eut, certes, quatre millions de paysans. Les femmes sont bien entendu restées à l’arrière. Elles n’ont pas été inactives pour autant. Loin de là ! Pendant que les bœufs et les chevaux étaient réquisitionnés, ce sont elles, à la force de bras qui ont su assurer les semis, les récoltes, les vendanges, etc. Ce sont aussi elles qui ont parfois quitté leur campagne pour soutenir l’effort de guerre en allant dans des usines de munitions… Ce sont elles qui ont permis à la France d’être nourrie en cette période de troubles et qui ont permis à la première ligne, au front, de tenir. Elles ont « remis le couvert », pendant et après la Seconde guerre mondiale et su accompagner, la modernisation de l’agriculture.

 

Vous souhaitez les mettre en lumière et aussi les faire sortir du silence dans lequel on a les peut-être trop souvent enfermées…

C’est grâce à des militantes, à des femmes à poigne qui ont affirmé haut et fort leur désir de reconnaissance, que nous avons pu, petit à petit conquérir des droits, tout d’abord celui d’être reconnues comme “agricultrice”. Le mot n’est arrivé dans le dictionnaire Larousse qu’en 1961, sans doute sous l’impulsion de la CNA qui avait été créée quatre ans auparavant, au sein de la FNSEA dont on peut souligner qu’elle a été précurseur en la matière. Aujourd’hui, les agricultrices représentent le quart des chefs d’exploitation. Elles accèdent plus tardivement que leurs homologues masculins au métier. Leur parcours professionnel avant l’installation est souvent réalisé en dehors de l’agriculture. C’est une force et une richesse pour les agricultrices qui ont une approche différente de l’agriculture et du métier.

 

Le fait que le travail soit moins pénible physiquement peut-il constituer un élément d’attractivité pour le métier ?

Je le pense, même si ce n’est pas le critère déterminant. Il est vrai que la mécanisation et l’informatique ont bouleversé et simplifié la vie des agriculteurs et des agricultrices. Ces dernières travaillent dans des conditions beaucoup plus dignes que celles de leurs aînées. De ce point de vue, un retour en arrière est impossible. Nous avons besoin de modernité. Cela passe aussi par l’équipement des campagnes en connexions Internet très haut débit voire en fibre, afin d’attirer des jeunes et maintenir au pays ceux qui sont déjà sur place, même si la fibre nous pose des problèmes pour l’entretien des haies. Mais c’est un autre débat.

 

Comment faire pour attirer les jeunes générations en particulier les jeunes femmes ?

Le renouvellement des générations est l’un des principaux axes de réflexion pour la CNA au cours de l’année 2021 à côté du nécessaire engagement que nous devons poursuivre au sein du syndicalisme, des groupements de producteurs, des coopératives, de la vie locale, etc. Ce renouvellement est le fruit d’une multitude de facteurs, dont certains constituent des freins qu’il faudrait lever. Ainsi, les banques sont plus « frileuses » pour prêter à une agricultrice qui voudrait s’installer seule qu’à un homme. En plus, les cédants préfèrent transmettre les exploitations aux hommes qu’aux femmes. Les futures exploitantes bénéficient moins que les hommes des aides au moment de l’installation. Il faut aussi inciter les exploitants à prendre les jeunes femmes en apprentissage. Dans ce domaine il existe encore quelques résistances et quelques verrous à faire sauter. D’une manière globale, rendre le métier accessible aux jeunes femmes mériterait que l’État prête une meilleure attention aux outils de formation, que les conseillers d’orientations ne dissuadent pas les jeunes femmes de s’engager dans cette voie, en leur disant que c’est une voie de garage. Il n’y a rien de plus faux. En somme, il faut valoriser l’image de ce noble métier qui attire de plus en plus de hors cadre familiaux. Sans eux, nous ne parviendrons pas à ce renouvellement. Il faut valoriser la qualité de la vie dans le milieu agricole et rural mais également « briser les autocensures et donner une image positive de l’engagement et ne pas avoir peur de se jeter à l’eau » pour reprendre une partie des échanges que nous avons eus en décembre dernier lors de notre assemblée générale.

 

Qu’est-ce que les femmes peuvent apporter de plus sur une exploitation ?

Les femmes sont forces d’innovation sur les exploitations et pour l’agriculture française. Elles le sont en particulier pour le développement de nouvelles activités (gite, accueil à la ferme, ferme pédagogique…) ou de nouveaux ateliers (transformation laitière, fruitière…) qui contribuent également au dynamisme rural. Créatives et persévérantes, elles influent aussi sur les constructeurs qui, sur leurs conseils, conçoivent des outils qui facilitent le travail au quotidien, y compris pour leurs homologues masculins. Nombreuses sont celles qui aujourd’hui veulent s’engager dans ces voies. A nous de les accompagner pour faire vivre notre agriculture et nos campagnes.

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