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Il n’existe pas qu’une seule typologie de méthanisation.

Découvrir deux unités de méthanisation au fonctionnement différent : une méthanisation à la ferme en injection et une micro-méthanisation en cogénération, tel était l’objectif de Métha’Normandie*. Rencontre avec des agriculteurs qui évoquent sans détour leur projet, leurs difficultés, l’acceptation…

Boris Belliard, installé depuis 2012, a investi en 2018 dans une micro-méthanisation en cogénération.
Boris Belliard, installé depuis 2012, a investi en 2018 dans une micro-méthanisation en cogénération.
© DR.

« Il n’y a pas qu’une seule typologie de méthanisation », avance Marie Guilet, directrice de Biomasse Normandie. C’est le cas en Normandie, région qui compte 170 installations, soit 10 % des installations françaises. Les projets sont multiples. Ils sont en cogénération ou en injection, à la ferme, en collectif, adossés à une station d’épuration, géré par des collectivités… Mais ils sont en très grande majorité en lien avec l’activité agricole puisque la matière première provient des d’effluents d’élevage.

 

SECURISER L’ELEVAGE

A Juvigny-les-Vallées (50), les familles Hamel et Legeard se sont regroupées au sein de la société SAS Métha LBMH pour porter le projet d’une unité de méthanisation par injection d’une puissance de 180 Nm3/h, mis en service en mars 2021. « Ce fut un long cheminement », reconnaissent les éleveurs. La réflexion remonte à 2012. Le fait de savoir que GRDF cherchait du gaz vert a été le déclic pour les éleveurs du sud Manche. Ils ont investi pas moins de 7 millions d’euros. Et deux ans après la mise en service, ils ont le sourire. « C’est une belle aventure humaine », note Bruno Legeard. Mais pas seulement. La satisfaction est de produire du gaz vert, de dégager un revenu supplémentaire tout en sécurisant l’élevage. « C’est plus facile d’installer des jeunes en sécurisant un revenu pendant 15 ans avec la revente d’énergie », assure le producteur de lait.

 

PAS D’OPPOSITIONS

Dans cette installation, le méthane est maitrisé, valorisé. Quant aux rejets de CO2 dans l’atmosphère, il n’est pas plus important que le tas de fumier. Est-ce que l’association des deux exploitations a dû faire face à des oppositions ? « Pas du tout », indique Nicole Legeard, qui veut tordre le cou à d’autres idées reçues. « On n’a jamais acheté du maïs à 6 000 €/ha pour le mettre dans l’unité de méthanisation », martèle-t-elle. « C’est plus rentable que le lait. Toutes les agricultures existent. Il y a de la place pour tout le monde », complète-t-elle.

 

ALLER VERS LA CERTIFICATION

Les exploitations sont tenues d’apporter au maximum 15 % de Cive (cultures intermédiaires). A la SAS Métha LBMH, ce pourcentage est respecté. « Tous les intrants sont tracés », assurent les associés. C’est d’autant plus le cas qu’elle s’inscrit dans la directive européenne Red II (renewable energy directive). « Tous les intrants sont tracés », appelle Nicole Legeard. Cette directive « gaz vert » conditionne le tarif de rachat. Et ce à compter du 1er juillet 2023.

 

DE LA PLACE POUR LA MICROMETHANISATION

A quelques kilomètres seulement, une autre unité de méthanisation est installée sur l’exploitation de Boris Bélliard, aux portes de Grandparigny. Une installation d’une autre dimension permettant de démontrer qu’il en existe de multiples. C’est une microméthanisation adossée à son exploitation composée d’un atelier lait et une production de 40 000 canards. Installé en 2012, il a rapidement pensé à la méthanisation. « Même si c’était risqué, le coût était raisonnable puisqu’il est de 300 000 euros, amorti sur 15 ans », précise-t-il. En une journée, elle était installée sur son site, dans la cuvette de son terrain pour une meilleure intégration dans l’environnement. Un élément important pour l’éleveur, installé à la sortie du bourg. En cogénération d’une puissance de 33 kWe, cette micro-unité sert aussi à maîtriser les odeurs. Si au départ, il avait un troupeau de 70 vaches laitières, il a évolué atteignant 120 vaches. Alors, son unité de méthanisation lui permet d’absorber que 40 % de ses effluents. Un des seuls regrets pour l’éleveur. A terme, il souhaiterait pouvoir récupérer la chaleur pour l’intégrer à ses deux bâtiments de canards. Boris Belliard fait partie des 33 micro-unités installées en Normandie. « A l’époque, j’étais le 17e en France », rappelle-t-il.

 

* Le dispositif Métha’Normandie a été lancé en 2018 sous l’impulsion de la Région Normandie et de l’Ademe en partenariat avec la Chambre régionale d’agriculture de Normandie et l’association Biomasse Normandie.

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