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FLORENCE GRAMOND, directrice des activités Agriculture et B2B - BVA.

« Les agriculteurs doivent être fiers de leur métier. »

L’image des agriculteurs a, selon votre baromètre, fortement progressé depuis 2015. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

Effectivement, 71 % des personnes interrogées ont une très bonne opinion de l’agriculture alors qu’elles n’étaient que 59 % il y a six ans. Ce phénomène s’explique en partie par l’impact des communications et prises de paroles au cours des dernières années par les agriculteurs eux-mêmes et aussi l’opportunité de parler via les réseaux sociaux. Peut-être excédés d’être vilipendés et incompris, nombre d’entre eux sont allés vers le grand public – ce qu’ils faisaient moins auparavant – et ont expliqué leur métier, leur quotidien, non pas pour recueillir une quelconque compassion, mais réellement pour expliquer une réalité qui échappe à beaucoup.

 

Cette communication plus directe porte-t-elle bien ses fruits ?

Indéniablement. Qualité sanitaire, prise en compte de l’environnement dans les modes de production, bien-être animal et suivi sanitaire des animaux…. Une large majorité de Français (60 % et +) considère que sur tous ces points l’agriculture a évolué en bien en cinq ans. Il faut sans doute y voir également un effet Covid-19 qui a favorisé le développement des circuits-courts : drive fermiers, ventes à la ferme, etc. Ce type de distribution a fait émerger, mais aussi a consolidé, des contacts étroits entre les agriculteurs, les producteurs et les consommateurs. Ces derniers se sont rendus à l’évidence que dans la crise sanitaire qu’ils traversaient, l’agriculture avait un rôle primordial, essentiel à jouer : sans agriculteurs, et sans toute la chaîne d’aval, il n’y avait plus grand chose dans l’assiette. Ils sont revenus aux principes de base de la pyramide de Maslow : on ne peut se passer de manger… Le travail des agriculteurs en termes de communication commence à payer : pas moins de 77 % des sondés reconnaissent qu’ils jouent un rôle positif pendant la crise Covid. Le thème de la souveraineté alimentaire leur parle bien maintenant. Ils y sont très sensibles. Ils sont 85 % à estimer que les agriculteurs sont essentiels pour le pays et sa population. 70 % jugent que les exploitants agricoles peuvent être fiers et 79 % qu’ils savent entreprendre. Et six Français sur dix considèrent aujourd’hui que les modes de production sont conduits de manière raisonnée plutôt que de manière intensive. C’est le point qui a le plus évolué depuis 2015 !

 

Existe-t-il d’autres facteurs qui pourraient expliquer cette bonne image ?

Cette bonne image des agriculteurs est également consécutive aux coups de projecteurs que les médias au sens large du terme ont pu braquer sur l’activité agricole : depuis le film « Je vous trouve très beau » qui parle du célibat en agriculture, d’autres films plus récents ont pu marquer les Français et créer de la proximité - même si les thèmes n’étaient pas très gais : Petit paysan en 2017 réalisé par Hubert Charuel avec Swann Arlaud et Sara Giraudeau ; Au nom de la Terre d’Édouard Bergeon avec Guillaume Canet et Veerle Baetens. Sans oublier le succès d’audience récent de « Nous Paysans » à la télévision.

 

N’existe-t-il pas cependant un décalage entre la déclaration des sondés et une réalité plus cruelle qui tend à dénigrer ce métier de manière récurrente sur les questions environnementale et sociétale ?

C’est l’un des enseignements majeurs de ce baromètre. La plupart des sondages qui sont réalisés auprès des Français sur l’agriculture le sont généralement après un événement de type scandale alimentaire et/ou technologique : vache folle, viande aux hormones, clonage, OGM, etc. Nous avons voulu sortir de cette image « misérabiliste » véhiculée par certains médias et au contraire donner une vision plus réelle du métier, comme les agriculteurs le font au quotidien. Les résultats de ce sondage le montrent, le consommateur méconnait totalement le métier d’agriculteur. 59 % des Français ont toujours le sentiment de ne pas savoir comment on cultive les productions végétales, ni les conditions dans lesquelles les animaux de ferme sont élevés pour 50 %.

Lorsqu’on leur expose une série d’informations sur 22 réalités de l’agriculture tant sur le plan de ses modes de production que de son rôle dans le domaine économique & territorial, la plupart leur sont inconnues et les étonnent positivement ! Ils ignorent notamment qu’il ne devrait plus rester que 200 000 exploitations en 2040. 72 % des Français l’apprennent et 54 % jugent cette situation inquiétante. De même ne savent-ils pas qu’un fruit ou légume sur deux importé et qu’un quart des produits agricoles importés ne respectent pas les normes sanitaires minimales françaises. 85 % des sondés ne savent pas non plus que les agriculteurs ont semé plus de 300 000 km de bandes d’herbes « tampons » pour protéger les cours d’eaux proches de leurs champs. Ils sont aussi 66 % à s’étonner d’apprendre que, grâce aux robots, les vaches vont à la traite quand elles en ressentent le besoin, ce qui améliore encore leur bien-être ! Ce phénomène de méconnaissance est particulièrement marqué chez les 18-24 ans, car ils restent très influençables et influencés par les nouveaux médias. Ils sont d’ailleurs les plus demandeurs d’explications sur le métier.

 

Cette bonne image n’est-elle qu’un épiphénomène ou bien pensez-vous que ce sentiment puisse perdurer ?

Je pense que cette bonne perception de l’agriculture est suffisamment ancrée dans l’esprit des Français et des consommateurs pour qu’elle perdure. Mais il faut que les agriculteurs poursuivent leurs actions de communication, qu’ils dialoguent et qu’ils expliquent leur mode de production, que ce soit au Salon de l’agriculture ou lors de toute occasion comme les Journées nationales de l’agriculture. Les agriculteurs doivent être fiers de leur métier, mais ils doivent l’expliquer !

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