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De la friteuse à l'industrialisation en passant par le pilote.

Extraire le pigment bleu du pastel des teinturiers, un process sur lequel travaillent depuis plusieurs années Aurore Cottrel et Arnaud Besnier, respectivement présidente et directeur général de Blue & Pastel. Hier, c'était à la friteuse. Demain, on passera à la phase industrielle. Entre les deux, un pilote unique en France a été officiellement inauguré le 14 octobre dernier à Villers-sur-Mer (14).

Le pilote est capable de produire 800 kg de pigment bleu par an (objectif 2023). Dans la phase industrielle, on tutoiera les 20 t/an.
Le pilote est capable de produire 800 kg de pigment bleu par an (objectif 2023). Dans la phase industrielle, on tutoiera les 20 t/an.
© TG

Et un trou de moins dans la raquette de la réindustrialisation textile normande. On produit les matières premières : le lin et le chanvre (que l'on sait aujourd'hui récolter) de façon résiliente et avec très peu d'intrants. On sait les teiller et désormais les filer grâce à la French Filature de NatUp (à St-Martin-du-Tilleul dans l'Eure). Ne manquait plus que le colorant naturel. Le chainon manquant répond désormais présent grâce à une unité pilote capable de produire 800 kg/an de pastel des teinturiers (la production hexagonale actuelle est d'environ 300 kg). Dans sa version industrielle, la capacité de production atteindra les 20 t/an.

 

LES MAINS DANS LE CAMBOUIS BLEU

Fût-il bleu, Aurore Cottrel et Arnaud Besnier ont les mains dans le cambouis depuis plusieurs années. Cinq ans pour Aurore originaire de Picardie, 3 ans pour Arnaud agriculteur et chef d'entreprise (ETA AGB à Villers-sur-Mer-14). Après avoir mûri le projet, premières expérimentations à la friteuse en 2020. On passe à la pompe en 2021 pour aboutir en 2022 à une unité pilote. 4 kg de pastel extrait la première année, 50 kg en 2022, 800 kg l'an prochain grâce à un protocole d'extraction optimisé et innovant qui permet de produire à grande échelle un pigment naturel bleu nuit, l'indigo issu des feuilles. Sur le process, on n'en saura guère plus. Aurore et Arnaud conservent jalousement leurs secrets de cuisine. Tout juste lâchent-ils que les feuilles sont récoltées à l'autochargeuse puis lavées et infusées. L'oxygénation est à l'origine de la couleur marron du jus que le temps, la chaleur, le niveau de pH et sans doute d'autres savoir-faire feront virer au bleu. « Quoi de plus beau que de sortir du bleu d'une feuille verte, c'est magique », s'amuse Aurore. Arnaud est plus pragmatique : « le lancement de cette filière bleu de Normandie, en association avec la filière textile normande, a tout son sens. Nous allons améliorer notre bilan carbone et offrir la possibilité aux agriculteurs de se lancer dans une nouvelle culture ». Le chiffre de 230 ha à terme a été évoqué. Si l'on y ajoute le chanvre, l'après-betterave prend corps peu à peu.

 

UN FONDS STRATEGIQUE AUTOUR DU LIN

« On produit de la matière première et on l'envoie en Chine pour récupérer le produit fini », déplore Hervé Morin. C'est pourquoi le président de Région applaudit cette initiative des deux mains et soutient « cette réémergence d'une filière textile locale », avec le lin en tête de pont. A ce titre, la création d'un fonds stratégique pour garantir l'approvisionnement en matière première est dans les cartons de l'exécutif régional. Au-delà, « chaque nouvelle culture apporte de la plus-value à notre territoire. Je pense au chanvre, au houblon, à la vigne (...) ». Il faut désormais y ajouter le bleu pastel normand qui servira peut-être à recoloriser la Tapisserie de Bayeux. La plus belle façon sans doute de boucler la boucle et la meilleure réponse aux 800 000 t de colorants synthétiques fabriqués chaque année dans le monde et qui seraient responsable de 20 % de la pollution de l'eau.

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