Aller au contenu principal

Bas carbone : sans les filières, les agriculteurs ne feront pas de miracle.

En agriculture, la tendance est au bas carbone. Si la neutralité se jouera en grande partie au pré, les filières doivent être elles aussi parties prenantes. Un message passé lors de la convention d'affaires organisée, jeudi 26 octobre, à Caen.

Jean-Marie Séronie a appelé le monde agricole à « ne pas raisonner en silo. [...] On ne peut pas opposer bas carbone, productivité et rentabilité économique ».
Jean-Marie Séronie a appelé le monde agricole à « ne pas raisonner en silo. [...] On ne peut pas opposer bas carbone, productivité et rentabilité économique ».
© LM

Après une première édition initiée à Yvetot (76) en 2022, l'École de Management de Normandie (EMN), le Crédit Mutuel Normandie et le CERFrance Normandie ont organisé, jeudi 26 octobre à Caen, une convention d'affaires sur les fermes bas carbone. Elle a réuni des agriculteurs, industriels, collectivités et autres partenaires pour échanger autour de la mutation du monde agricole pour tendre vers la neutralité carbone. « La transition ne s'arrête pas à la porte des exploitations agricoles. [...] Avec cette convention d'affaires, le but est de remonter des initiatives du territoire et inciter les acteurs des filières à faire un pas de plus vers la transition bas carbone », déclare Roland Condor, professeur à l'EMN, en charge de la chaire d'études intitulée Modèles entrepreneuriaux en agriculture. Le rendez-vous a regroupé une centaine de personnes et une vingtaine d'entreprises.

 

UN DEFI INEVITABLE

Avec son pacte vert, la Commission européenne vise la neutralité carbone d'ici 2050. « Un quart des émissions des Français passent par l'assiette. [...] On va être énormément impacté par les gaz à effet de serre. En France, on émet 9,9 t CO2 eq/an, alors qu'il faudrait atteindre 2 t CO2 eq/an d'ici 2050 », met en garde Jean-Marie Séronie, agroéconomiste et membre de l'Académie d'agriculture de France. « Il n'y a pas que les critères environnementaux, mais aussi économiques et sociaux », ajoute Bertrand De Ferron, vice-président de la Fédération du Crédit Mutuel Normandie. « Il ne faut pas raisonner en silo. [...] Ces questions de bas carbone, de réduction des émissions GES, d'augmentation du stockage vont être une contrainte de plus en plus fortes », martèle alors Jean-Marie Séronie.

 

LES AGRICULTEURS, PREMIERS ACTEURS DU BAS CARBONE

« On demande à l'agriculteur de stocker pour d'autres secteurs de l'économie », explique Jean-Marie Séronie. Et ça, les agriculteurs n'ont pas attendu qu'on leur dise pour s'emparer du dossier. « La transformation est en marche. Elle s'accompagne de nouveaux rôles et pratiques », reconnaît Cédric Get, responsable du secteur Rouen-Bray-Vexin du Crédit Mutuel. Recours aux couverts végétaux, diminution de la taille des parcelles et nouvelles rotations culturales, adaptation de la gestion des effluents ou de l'alimentation, vêlage plus précoces, baisse du renouvellement des troupeaux et génétiques, mais aussi développement d'unités de méthanisation et de panneaux photovoltaïques, sont autant de solutions expérimentées sur le terrain.

 

LES FILIERES AUSSI DOIVENT S'ENGAGER

« La transition ne doit pas se faire qu'au niveau de nos exploitations, mais au niveau des filières. Il nous faut l'amont et l'aval pour nous soutenir », affirme Mathieu Roussel, agriculteur, élu CER et président terre de Seine Normandie. « On a une responsabilité, notre objectif, c'est d'embarquer les parties prenantes dans les transitions », reconnaît Charlotte Boelle, chef de secteur chez Danone qui travaille sur le programme « Les 2 pieds sur terre », lequel encourage et accompagne les éleveurs laitiers dans la démarche bas carbone. Sarah Commeau, cheffe de projet développement durable chez Agrial, a mis en avant le plan climat de la coopérative qui vise à améliorer les émissions directes (-50 % des gaz à effet de serre à l'horizon 2035) et indirectes. « Plus on aura une approche holistique du problème, plus on pourra progresser rapidement », conclut Laure Figeureu-Baudin, présidente de l'Usine coopérative de déshydratation du Vexin (27).

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Eure Agricole.

Les plus lus

Laura Behotas s'est installée en 2023 dans l'Eure.
Laura, une graine d'agricultrice bien implantée !
Laura Behotas est arrivée jusqu'aux portes de la finale de Graines d'Agriculteurs dans la catégorie installation. Si elle n'a pas…
Malgré des réformes successives, les pensions agricoles demeurent inférieures à la moyenne nationale.
Protection sociale et retraite : un enjeu majeur pour les agriculteurs.
Être agriculteur, c'est un métier de passion et de courage. Il faut composer avec les aléas climatiques, les variations des prix…
La collecte laitière  dans le monde et Europe. 
Après 3 ans de relative stagnation, la production dans les 5 principaux bassins laitiers exportateurs,  sur les six premiers…
Depuis un an, le nombre d'attaques de loup a augmenté de + 26 %.
Loup : vers un assouplissement supplémentaire des règles.
L'État français devrait passer d'un régime d'autorisation à un régime de déclaration pour les tirs de défense contre le loup. Une…
Témoignage du Gaec Adam dans la Manche.
En 2025, la pousse de l'herbe a été plus timide pour les 130 VL du Gaec Adam malgré les conditions favorables de pâturage. Les…
Le nouveau catalogue régional recense plus de 150 formations.
Le nouveau catalogue de formation des salariés est disponible.
Le secteur agricole est impacté par des évolutions multiples : les outils et techniques de production, le climat, la…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 185€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site l'Eure Agricole
Consultez le journal l'Eure Agricole au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal de l'Eure Agricole