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15 essais en AB en Normandie : l’essentiel des résultats de 2020.

En 2020, les Chambres d’agriculture de Normandie ont conduit de nombreux essais en agriculture biologique, dans le domaine des cultures et des fourrages dont voici les principaux résultats.

Associer céréales et protéagineux pour l’élevage : rendement sécurisé autour de 40 q/ha, protéagineux contributeurs au rendement.
Associer céréales et protéagineux pour l’élevage : rendement sécurisé autour de 40 q/ha, protéagineux contributeurs au rendement.
© DR.

Travail simplifié du sol en agriculture biologique (AB), désherbage mécanique, associations de cultures, espèces et variétés adaptées aux faibles intrants, fertilisation avec de l’azote organique, rénovation de prairie, céréales, maïs, betteraves sucrières : les questions sont nombreuses et les essais et démonstrations apportent leurs éléments de réponse, tout en couvrant une grande partie du territoire normand.

 

Sans Labour en AB : 2e année compliquée

• Objectif : comparer deux conduites de travail du sol : labour et sans labour, appliquées à une diversité de cultures.

• Nombre d’essais et localisation : 1 essai à Tracy-Bocage (14). 4 bandes de cultures conduites avec et sans labour.

• L’essentiel 2020 : les conditions très humides de l’automne 2019 ont affecté le parcours de destruction de la précédente prairie et l’implantation du blé qui a eu lieu en décembre, dans un sol à peine ressuyé. Par conséquent, avec des repousses de ray-grass, le blé conduit en sans labour a obtenu un rendement moindre qu’en labour : 27 q/ha contre 43 q/ha. Le parcours de destruction de la prairie dans la partie sans labour avait été simplifié lors de cette 2e année pour limiter le nombre de passages d’outils, et cet itinéraire a été perturbé par une levée difficile du couvert en août puis par l’impossibilité de le détruire avant le semis du blé.

Les semis de maïs au printemps 2020 occupaient une bande en 2e année de conduite sans labour. Le salissement s’est aussi avéré plus conséquent en sans labour. Le rendement moyen de l’essai est faible à 7,2 t MS/ha, et on constate un écart de rendement d’au moins 1 t MS/ha en faveur du labour, pouvant attester du faible pouvoir structurant du sol de la culture intermédiaire semée tardivement et en mauvaises conditions (pluie) dans la partie sans labour.

 

Fertilisation du blé dans des systèmes sans élevage

L’azote organique, ressource rare, apporté en automne ou en sortie d’hiver n’a pas été valorisé.

• Objectif : comparer l’effet sur le blé de plusieurs fertilisants azotés organiques et de leur période d’apport, ainsi que l’intérêt d’une fertilisation soufrée en sortie d’hiver.

• Nombre d’essais et localisation : 2 essais à Saint-Laurent-des-Bois (27).

• L’essentiel 2020 : sur culture de blé d’hiver fertilisée avec 60 U à l’automne ou en sortie d’hiver, il y a peu de différence (moins de 3 q/ha) entre le témoin non fertilisé et le blé ayant reçu soit des bouchons, soit des fientes, du fumier de canard ou de la luzerne fraîche. Le rendement final se situe à 45 q en moyenne. Aucun effet sur le taux de protéine n’a été observé. La fertilisation d’automne a sans doute été lixiviée par la forte lame drainante hivernale. La fertilisation de printemps peut avoir souffert d’une faible solubilisation de l’azote par le manque de pluie après l’application.

L’apport de soufre a été testé, sous forme de kiésérite, à la dose de 30 U en sortie d’hiver. Seul, il n’a montré aucun effet sur le rendement. Cet essai semble confirmer qu’en bio le soufre ne soit pas facteur limitant sur céréales, même avec un hiver pluvieux et sur des terres peu profondes. Il n’est cependant pas à exclure sur légumineuses voire protéagineux.

 

La prairie céréalière pour régénérer une prairie : un nouvel itinéraire

• Objectif : tester la rénovation d’une prairie en sursemant une association céréale + protéagineux et un mélange prairial dans une prairie vivante.

• Nombre d’essais : 3 sites d’observation dans la Manche étudiés pour la 1re année.

• L’essentiel 2020 : les prairies à rénover n’ont pas été labourées, mais seulement déchaumées. Le sursemis de fin d’été a souvent consisté en une dose pleine de mélange prairial complémentée d’une dose d’avoine (50 à
80 kg/ha) ou d’association céréale et protéagineux (120 kg/ha). Les espèces annuelles contribuent à augmenter la production des premiers cycles d’exploitation de la prairie rénovée, soit en pâturant, soit en fauchant. Le gain de biomasse produite sur la campagne suivante est net. Dans les 3 sites, les espèces à installation rapide (trèfles, chicorée) sont visibles et ont colonisé les trous à l’inverse de celles à installation plus lente (luzerne, fétuque…). Point positif : la technique n’a pas provoqué de levée d’adventices. Elle semble appropriée pour enrichir une prairie en légumineuses quand le fond prairial est doté d’espèces de bonne qualité fourragère. En cas de présence importante d’agrostis, ce schéma ne semble pas adapté.

 

Criblage d’espèces de céréales : triticale et seigle font les bons rendements

• Objectif : comparer et visualiser le comportement d’une diversité d’espèces de céréales.

• Nombre d’essais : 4 essais, dont 2 dans l’Eure et 2 dans le Calvados, incluant dans chaque département une collection d’espèces d’hiver et une autre sur des espèces de printemps.

• L’essentiel 2020 : sur les céréales de printemps, dans un contexte hydrique limitant, le seigle a sorti son épingle du jeu avec le meilleur rendement de la plateforme avec 20 q/ha. Les suiveurs sont le grand épeautre, l’orge brassicole, le blé dur et l’avoine, tous autour de 12 q/ha.

Sur les céréales d’hiver, dans un contexte plus favorable, le triticale remporte la palme avec un rendement de 39 q/ha supérieur au blé de 13 q/ha. Le pouvoir étouffant, vis-à-vis des adventices, classe donc les espèces, du plus au moins étouffant : seigle pur, avoine pure, association triticale et féverole ou triticale et pois fourrager, grand épeautre, blé. Le petit épeautre est en fin de peloton, position à relativiser compte tenu de la date de semis de début décembre, trop tardive pour cette espèce.

 

Variétés de blé et triticale pour l’AB : les classements normands similaires aux régions voisines

• Objectif : comparer et classer le comportement de variétés de blé et de triticale conduits en AB.

• Nombre d’essais : 3 essais localisés à Saint-Laurent-des-Bois (27), à Les Thilliers-en-Vexin (27), à Truttemer-le-Grand (14).

• L’essentiel 2020 : en blé, les variétés les plus productives qui se font remarquer aussi bien en conditions limitantes qu’en bonne situation sont entre autres Filon, Attlass, Geny, KW Extase et Chevignon. Ces variétés présentent aussi de très bons comportements face à la septoriose, la rouille jaune et la rouille brune en 2020, année par ailleurs peu propice à l’expression de ces maladies. Celles qui ressortent dans la gamme des variétés panifiables avec une végétation très saine sont Wendelin et Alessio.

Pour le triticale, les variétés qui montent sur le podium sont Ramdam, Brehat, Elicsir, Eleac, Bikini.

Sur blé et triticale, les résultats concordent avec ceux des régions voisines.

 

Binage des céréales : pas d’effet désherbage, mais un effet minéralisation en 2020

• Objectif : comparer l’efficacité de plusieurs matériels de désherbage mécanique sur orge d’hiver.

• Nombre d’essais : 1 essai à Avesnes-en-Bray (76), sur une parcelle en 1re année de conversion.

• L’essentiel 2020 : seule la bineuse a pu être utilisée, la herse étrille n’a pas pu pénétrer l’épaisse croûte de battance suite aux pluies importantes de l’hiver. La bineuse a été utilisée dans une orge dont l’inter-rang était de 25 cm, soit le double du témoin à 12,5 cm, mais avec une densité de semis identique. L’orge binée a produit 28 q/ha contre 24 q/ha pour le témoin non désherbé. Cependant, ce dernier était aussi très propre. L’effet du binage n’a pas été un désherbage, mais une aération du sol qui a stimulé sa minéralisation.

 

Désherber la betterave sucrière sans intervention manuelle : objectif non atteint cette 1re année

• Objectif : évaluer l’efficacité d’un semis en carré permettant un binage dans les sens perpendiculaires par comparaison à un semis classique permettant le binage dans un sens et nécessitant une intervention manuelle sur le rang.

• Nombre d’essais : 1 essai à Puchay (27)

• L’essentiel 2020 : malgré un semoir conçu pour cela, la précision du semis en carré a été insuffisante, avec un décalage de 6 à 12 cm des plants de betteraves par rapport à l’axe idéal de semis dans le sens perpendiculaire. Le binage perpendiculaire n’a pas pu être réalisé, d’autant plus que perdre des pieds était difficilement envisageable, car la densité dans le semis en carré était bien plus faible, à 55 000 pieds/ha que dans le semis normal à 110 000. Il existe en général un effet de compensation du rendement au-dessus de 70 000 pieds/ha. Le rendement fut de 31 t /ha contre 42 t/ha en classique. Au final, le semis en carré a nécessité 55 h de désherbage manuel/ha contre 40 h /ha dans le semis classique, en complément de 3 passages mécaniques, en raison d’une intervention tardive sur des chénopodes plus développés, suite aux délais nécessaires à la prise de décision.

 

Maïs population : des résultats encourageants en 2020

• Objectif : comparer le comportement du maïs population à une lignée hybride en ensilage.

• 1 démonstration  à Avesnes-en-Bray (76), sur une parcelle en 1re année de conversion.

• L’essentiel 2020 : les 3 variétés population, issues de fermes dans un rayon de 20 km et déjà sélectionnées dans le même contexte pédoclimatique, ont produit autant ou plus que la variété hybride cultivée sur l’exploitation, respectivement 11-11-13 t MS/ha versus 11. L’intérêt de la variété population réside dans la possibilité de ressemer cette semence, tout en sélectionnant les épis issus des pieds qui se sont le mieux exprimés sur la ferme.

 

Associer céréales et protéagineux pour l’élevage

Rendement sécurisé autour de 40 q/ha, protéagineux contributeurs au rendement.

• Objectif : tester sur plusieurs associations céréales et protéagineux des variantes de densité de semis.

• Nombre d’essais : 1 essai à Avesnes-en-Bray (76), sur une parcelle en 1re année de conversion.

• L’essentiel 2020 : sur l’association triticale et féverole, le rendement a été identique que la féverole soit semée à 25 ou 50 grains/m² : 43 q/ha se décomposant en 25 q de triticale et 18 q de féverole, soit des proportions plutôt équilibrées. Sur l’association orge et pois d’hiver, c’est la densité de l’orge qui a été modulée au semis, soit à 250 soit à 180 grains/m², alors que le pois a été semé dans les 2 cas à 55 grains/m². Le rendement de l’orge a été supérieur de 6 q/ha dans la modalité de semis à 250 grains/m² sans affecter le rendement du pois à 14 q/ha dans les 2 situations, pour un rendement total de 36 q/ha. Sur l’association triticale + pois fourrager, le rendement a été similaire pour les deux variétés de pois semées, pour produire 18 à 20 q de pois et 23 q de triticale. Et enfin une association uniquement de protéagineux, combinant pois fourrager et féverole, semés respectivement à 15 et 15 grains/m², s’est salie à cause d’une faible couverture du sol, et a produit 27 q/ha composé à 50 % de pois et 50 % de féverole.

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